Mathieu MAURIES - éleveur et sélectionneur de chiens de protection

Expert formation agricole - Mathieu MAURIÈS

Mathieu MAURIÈS

Du scientifique au berger

La vie professionnelle de Mathieu MAURIÈS commence par un parcours académique : ingénieur en agriculture et titulaire d’un doctorat de zootechnie, spécialisation nutrition des ruminants. Il se consacre d’abord à l’enseignement et à la recherche. Professeur de zootechnie à l’école supérieure d’agriculture d’Angers, il mène en parallèle des recherches sur la culture de la luzerne et son utilisation par les ruminants. Pendant 20 ans, il travaille sur cette culture, comme chercheur puis conseiller scientifique pour l’industrie et, enfin, comme nutritionniste indépendant. Après deux publications sur son objet de recherche, la luzerne, aux Éditions France Agricole, il s’intéresse à la transition vers l’agriculture biologique avec une publication sur le sujet en 1998 – Produire du lait biologique – Mathieu MAURIÈS & Guy ALLARD – Éditions France Agricole. Ses activités le conduisent à voyager, aux États-Unis et au Canada notamment. Ces voyages sont l’occasion de rencontres et d’échanges qui vont enrichir ses réflexions. Alors qu’il commence à s’intéresser aux chiens de protection et à en introduire la question dans ses cours de zootechnie, il rencontre sur le continent américain des éleveurs confrontés aux grands prédateurs (ours, loups…) et découvre des pratiques inconnues en Europe, comme celle de faire travailler des chiens de protection avec des ânes.

Réaliser son rêve d’enfance

À 40 ans, il décide de réaliser son rêve d’enfant, devenir PAYSAN. Un rêve, mais aussi un mot qui a pour lui du sens. Il est de ces paysans qui nous nourrissent, qui se consacrent à leurs animaux chaque jour, par tous les temps, qui vivent en harmonie avec la nature et le PAYS. Mais il est aussi de ces paysans qui savent allier le « bon sens paysan » avec les connaissances et savoirs scientifiques et techniques, indispensables à ce métier si complexe et exigeant. C’est dans le sud-est de la France qu’il réalise sa première installation avec un élevage de chèvres et moutons. Son cheptel subira bientôt une attaque de chiens errants ; il adopte alors son premier patou. Ce chien sera à l’origine de sa première meute. Il sera surtout le premier d’une longue lignée de compagnons de travail et de vie. C’est en effet sur ce point principal que Mathieu MAURIÈS s’oppose au dogme encore en vigueur selon lequel le chien de protection ne doit pas avoir de contact avec les humains. Ses chiens de protection sont d’abord des compagnons de vie, des partenaires et non des « outils de travail ».

Dix ans d’apprentissage auprès de ses chiens

Dans les années 90, les seules informations et données disponibles concernant l’élevage et l’usage des chiens de protection proviennent des États-Unis. Dans les grands espaces du continent américain, le contexte de vie et de travail des éleveurs et de leurs chiens est très différent de celui de l’Europe. Ici éleveurs, chiens, randonneurs et autres usagers doivent se partager les territoires. Pourtant, les protocoles d’introduction des chiens de protections dans les troupeaux, défendus par les institutions et mis en place en France lors de l’arrivée du loup, sont calqués sur le modèle américain. Dès le départ, Mathieu MAURIÈS n’est pas convaincu par cette approche. L'observation de ses chiens pendant dix ans le conduit à mettre en place sa propre méthode d’élevage et d’éducation. Lors de ses années d’élevage dans le sud-est de la France, il est confronté, comme tous les éleveurs, aux problèmes de cohabitation avec les touristes et la population, dense dans cette région. Cette cohabitation est source de tracas permanents pour les éleveurs, d'autant que le mode d’utilisation des chiens de protection mis en place généralement n’est pas adapté à ce contexte. Pour Mathieu MAURIÈS, la méthode d’éducation préconisée tout comme la sélection des chiens ne permettent pas d’avoir des chiens suffisamment intelligents, sociables et donc capables de travailler dans un environnement complexe, de mener à bien leur tâche de protection des troupeaux sans être un danger pour la population locale ou touristique, et sans se mettre en danger eux mêmes.

La méthode de Mathieu MAURIÈS

Aujourd’hui établi dans les Pyrénées, l’élevage du Hogan des Vents comprend une centaine de brebis, des chèvres du Rove et des chèvres pyrénéennes, ainsi que des vaches bretonne pie noir. Toutes pâturent sous la protection de ses montagne des Pyrénées (patous) et de ses kangals (bergers d'Anatolie), accompagnés par des ânes. Il propose aujourd’hui sa propre méthode d’éducation des chiens de protection et a mis en place plusieurs lignées de chiens sociables, équilibrés et aptes à travailler dans différents milieux, avec différents types de prédateurs (loups, ours, chien errants…) et différents animaux (moutons, chèvres, bovins, alpagas…). À ce jour, il a placé plus de 200 chiens de protection dans toute la France, dans de nombreux pays d’Europe (Italie, Espagne, Angleterre, Norvège, Tchéquie…) mais aussi aux États-Unis et en Russie. Les clés de sa méthode consistent d’abord à élever ses chiots avec amour dans un environnement où ils sont à la fois intégrés à la meute et en contact avec tous les autres animaux de la ferme (y compris les volailles et les chats) avec lesquels ils doivent apprendre à cohabiter sereinement. Parallèlement, le travail d’éducation quotidien permet aux chiots de s’habituer au monde des hommes. Marcher en laisse dans la rue, monter en voiture, se laisser manipuler par son maître sont aussi des aptitudes qu’un chien de protection doit acquérir. De son expérience, il a tiré de riches enseignements qu’il a à cœur de partager pour faire comprendre le fonctionnement des chiens et permettre à ceux-ci d’exprimer tout leur potentiel. Expérience qu’il partage dans de nombreuses publications, notamment son ouvrage : Le Montagne des Pyrénées – Chiens de protection de troupeaux - L’édition à façon- 2016.

  • Témoigner de l’amour et de l’affection à ses chiens pour en obtenir le respect.
  • Savoir constituer une meute équilibrée, adaptée au milieu et au contexte.
  • Stimuler les chiots dès leur plus jeune âge afin qu’ils soient capables, à l’âge adulte, de gérer des situations complexes.
  • Se donner le temps de former un chien : au minimum deux ans de formation initiale et deux ans de maîtrise de son territoire.
  • Mais aussi savoir qu’un chien de protection ne se prend pas pour un mouton !

Voici quelques-uns des nombreux enseignements de Mathieu MAURIÈS.