Les origines de l’ostéopathie
Initiée aux USA par le Dr A.T. Still et ses successeurs au tournant des 19ème et 20ème siècles, l’ostéopathie humaine connaît un grand développement chez nous depuis une quarantaine d’années, remplaçant ou plutôt complétant les techniques empiriques des rebouteux. Qu’en est-il de la médecine manuelle appliquée aux animaux dont les techniques traditionnelles portent des noms poétiques comme le reboutage, le ponçage, le crochetage, le labourage ?
Les chevaux de course, les premiers, en ont bénéficié mais nos animaux de ferme subissent aussi des traumatismes qui nécessitent une intervention que l’éleveur averti peut apprendre à effectuer lui-même. Le Dr Jean-Pierre Siméon, vétérinaire dans le Charolais, montre et explique dans une quinzaine de vidéos comment il intervient sur des vaches laitières et des allaitantes, avant et après vêlage ou suite à une bousculade. Il nous montre aussi comment il « remet en ordre » un veau de 8 jours en agissant sur le cordon, l’arrière train et surtout les os du crâne.
Les pionniers de l’ostéopathie ont mis en évidence, en leur temps, l’importance des liaisons des os du crâne. Pas de brutalité ni d’effort inutile ; tout est dans le regard sur la posture de l’animal, mais surtout dans les mains, pour repérer le traumatisme et y remédier d’un geste simple (apparemment) et rapide, plus rapide que le temps de réaction des muscles.
À quoi ça sert ?
L’ostéopathie sert à restaurer le mouvement des articulations bloquées par les contractures musculaires souvent douloureuses. Alors, bien sûr, il faut connaître l’anatomie de l’animal, en particulier celle du squelette qu’on va aider à retrouver sa position normale, mais aussi les principaux muscles et nerfs. Jean-Pierre Siméon en présente les grandes lignes à l’aide de planches illustrées et de parties de squelette : épaule, cuisse, rachis, bassin. Le discours est simple sans être simpliste. Les éleveurs connaissent leurs animaux mais ils ont besoin de se rafraîchir la mémoire pour désigner les organes avec les mots justes qui permettront de communiquer avec le véto par téléphone pour un conseil. Plus tôt on intervient, meilleur est le résultat sur le bien-être et la santé de l’animal, y compris la fécondité.
L’ambition est de diminuer les soins vétérinaires, voire même – est-ce trop prétentieux ? – de se rapprocher du zéro maladie. Les lésions vertébrales, si fréquentes, ne guérissent pas toutes seules ; l’intervention d’un praticien de la médecine manuelle est indispensable pour libérer la vertèbre ou l’articulation traumatisée. L’articulation pourra retrouver sa souplesse, c’est-à-dire sa capacité de flexion-extension, latéro-flexion, rotation, et cela, instantanément. La douleur, elle, s’apaisera progressivement. L’arnica y contribuera efficacement.
Le rôle des mains
Ce qui est impressionnant en ostéopathie, c’est le rôle des mains. Faire confiance à nos mains, dit Jean-Pierre Siméon, qui vérifient la mobilité des articulations. Elles perçoivent les zones de chaleur, de tension, de vibration. Elles testent par exemple la force de tension médullaire, c’est-à-dire la pression du liquide céphalo rachidien qui entoure la moelle épinière. Une pression sur le haut de la queue et hop ! on voit jusqu’où se propage la vibration sur l’échine. L’information est précieuse pour repérer une zone de lésion.
En bovin, le praticien intervient majoritairement sur la partie dorsale et arrière de l’animal. Il prête une attention particulière au sacrum, constitué de cinq vertèbres soudées articulées à la vertèbre sacro-lombaire dont il faut vérifier la souplesse, situé au-dessus du bassin, articulé avec lui et support de la queue. On le voit souvent tordre la queue et aussi tirer sur une patte à l’aide d’une corde. C’est d’ailleurs le seul outil qu’il utilise. Même sur une vache victime d’une fracture du bassin, il faut intervenir pour redonner de la mobilité de chaque côté et réduire l’hématome. L’essentiel se fait à main nue avec la collaboration de l’animal, jamais brutalisé. Une belle leçon !