Élevage éthique : besoins, comportements et relations du jeune cheval

L’homme et le cheval ont formé pendant des millénaires un couple, sinon heureux, tout au moins incontournable. De fait, avant son remplacement par le moteur à combustion, la traction hippomo-bile fut largement utilisée comme moyen de transport, dans l’agriculture (en alternance avec les bœufs) ou pour les activités militaires. En effet, de tout temps les chevaux furent massivement em-ployés et tués pour la guerre, et ce jusqu’à l’apparition des blindés ; au Moyen Âge, ils ont même défini les membres de l’aristocratie guerrière, les chevaliers. texte alternatif Mais ce n’est qu’au XXème siècle (à partir des années 70) que des études scientifiques portèrent sur le comportement naturel de cet animal, dans la lignée des travaux fondateurs de Konrad Lorenz (1906-1989) et Nikolaas Tinbergen (1907-1988). Récompensés, avec leur collègue Karl von Frisch (1886-1982), par le prix Nobel de mé-decine en 1973, ils sont reconnus comme les pionniers de l’éthologie (étude du comportement d’une espèce animale). Les premières recherches en éthologie équine s’attachèrent alors à la compréhension du comportement des chevaux encore à l’état sauvage (ils en restent très peu). Ensuite, les éthologues purent observer les conséquences sur le comportement du cheval domestique d’un environnement contraint par les pratiques d’élevage de l’homme. C’est que l’équidé, maintenant devenu partenaire de nos loisirs, se doit de posséder un « bon caractère ». Ainsi, son tempérament (sa personnalité disent même certains), comme son bien-être, nous importe bien plus qu’auparavant. Ces thèmes ont fait l’objet d’études expérimentales lancées par l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation (citons les travaux de Léa Lansade), ou menées par l’équipe de Martine Hausberger à l’université de Rennes. Université qui propose sous sa direction (partagée avec Séverine Henry) un DU en éthologie du cheval que notre experte, Cécile Roussel, a obtenu en 2015, base de sa recon-naissance professionnelle de comportementaliste équin délivrée par la SFECA (Société Française pour l’Etude du Comportement Animal) en 2020. Cécile Roussel va nous présenter ici les résultats des dernières recherches en éthologie équine visant à minorer l’impact des interventions humaines sur le jeune cheval. Mais avant cela, découvrons comment se met en place le puissant lien qui unit la jument et son poulain.

Le poulain et sa mère à l’état sauvage

texte alternatif Un lien affectif très fort peu à peu effacé par les interactions sociales de la vie de groupe À l’état naturel, la plupart des chevaux vivent en groupe : ⮚ En groupes familiaux (harem) stables sur plusieurs années, composés d’un étalon (rarement deux) avec quelques juments et leurs poulains (jusqu’à l’âge de deux ou trois ans). Ces harems évoluent seulement avec les départs des jeunes fondant un nouveau groupe familial, d’une jument captée par un autre groupe, ou par la mort d’un adulte reproducteur.

⮚ En groupes non-familiaux peu stables, composés de jeunes mâles célibataires. C’est une période d’apprentissage de leur futur rôle d’étalon dominant un groupe familial. Seuls quelques mâles solitaires peu nombreux gravitent autour de ces deux grands types de groupes.

Ce mode de vie collectif découle du statut de proie du cheval en milieu sauvage. Dans le groupe, les chevaux dorment à tour de rôle pour maintenir une surveillance permanente des environs. Au moindre danger ils détaleront rapidement, la fuite étant leur principale défense. Mais avant de suivre le groupe, le poulain suit d’abord sa mère. Animal nidifuge, le petit poulain doit pouvoir suivre très tôt sa mère. Son agenda de développement suit un ordre précis : ● Premières vocalisations ● Mobilité des oreilles ● Réflexe de succion ● Se mettre debout

Les deux dernières actions couronnent une première étape importante dans la vie du poulain. En effet, il est vital pour lui de se mettre debout rapidement pour téter le colostrum et échapper à d’éventuels prédateurs. Un puissant lien (ou attachement) entre la mère et le jeune se alors met en place.

Comment se crée le lien mère-poulain ?

texte alternatif L’attachement est le fruit de plusieurs comportements instinctifs : o Contact naso-nasal o Léchage actif du poulain pendant la première heure o L’allaitement dont nous avons vu l’importance

La jument développe une relation exclusive avec son petit en s’isolant du groupe deux à vingt-quatre heures avant la mise bas pour éviter toute interférence avec les membres de celui-ci. Puis dans les premiers jours suivant la naissance, la mère a tendance à fuir tout contact et peut même s’interposer si des membres du groupe tentent de s’approcher. La nature est bien faite mais non exempte de fausses notes, certaines juments affichant un comportement maternel anormal : ▪ De forme modérée (souvent chez les primipares), si la jument manque d’attention pour son poulain, a peur de celui-ci, ou refuse temporairement de l’allaiter. Ce comportement s’estompe avec l’expérience. ▪ De forme sévère (peut-être héréditaire), si la jument est agressive envers son poulain, ou à l’inverse si elle le surprotège. Peu d’espoir d’amélioration.

Quoi qu’il en soit, le terme d’attachement n’est pas un vain mot. En effet, l’on a quantifié le temps que passe généralement le poulain au côté de sa mère (à moins de cinq mètres) : cela représente 90% de son temps lors du premier mois, puis 70% au cours du deuxième et troisième mois, 50% à six mois, et de 25% de son temps à neuf mois (alors que le sevrage alimentaire approche). Toutefois, au fil du temps, le poulain multiplie les partenaires sociaux et s’éloigne physiquement de sa mère, celle-ci restant donc un partenaire privilégié. Cette évolution va de pair avec la survenue de son sevrage.

Le sevrage : moment crucial de la vie du poulain

texte alternatif Il intervient à l’état naturel vers 9-10 mois (voire plus tard si la jument n’est pas gestante). Remarquons que depuis l’âge de cinq mois, le poulain passe autant de temps qu’un adulte à pâturer (soit 60% de sa « journée »). Le sevrage se caractérise donc par : ▪ Une prise de distance progressive et mutuelle. ▪ La fin de l’allaitement seul, et non une absence totale de contact avec la mère (pas de sevrage social).

Après le sevrage, et sans quitter complètement le contact avec sa mère, le poulain apprend les règles de vie du groupe avec : ● Les autres poulains : par le jeu, le grooming (toilettage mutuel) ou l’agonistique (confronta-tion). ● Les adultes : en exprimant, par exemple, sa soumission en signe d’apaisement, comporte-ment appelé snapping (claquement des dents avec les lèvres retroussées).

Cet apprentissage des relations sociales lui permet de s’intégrer à un groupe dont la cohésion est indispensable en milieu naturel pour répondre aux dangers. Le tempérament du jeune cheval : l’héritage paternel et la relation à la mère L’étude des points communs entre poulains issus d’un même étalon (analyse pratiquée sur des che-vaux domestiques n’ayant eu souvent aucun contact avec ce dernier) a démontré une influence du caractère du père sur certains comportements du poulain, particulièrement vis-à-vis de sa mère). Sont concernés : o Le rapport au jeu, compétence sociale importante pour nouer des liens avec les autres membres du groupe. o La fréquence des tétées, révélateur de l’attachement à la mère et du besoin de sécurité du poulain. o La proximité à la mère, action limitant le comportement exploratoire du poulain. Cette notion de relation à la mère, perçue à travers la fréquence des tétées ou la proximité phy-sique, marque significativement le tempérament du poulain. Ainsi, chez le poulain très demandeur en tétée, on constate plus souvent l’apparition de stéréotypie (séquence de mouvements répétitifs, relativement invariants, sans but ni fonction évidente, révélateur de stress). Quant au degré de proximité à la mère, il pèse sur l’émotivité du cheval. Pour exemple, plus le poulain âgé de trois mois est proche de sa mère (et en demande de tétée), plus il réagira à la séparation sociale et à la nouveauté à l’âge de trois ans. Dans la situation inverse d’un poulain déjà éloigné de sa mère à trois mois, il aura plus tard des difficultés d’apprentissage.

Le comportement de la mère détermine grandement le comportement de son poulain Le poulain, par ce lien si fort qui l’unit à sa mère et le modèle social qu’elle représente, a tendance à se comporter de la même façon qu’elle. Cela s’applique à plusieurs domaines : o Les préférences alimentaires et l’évitement des plantes toxiques. o La transmission du rang hiérarchique dans le groupe familial. o Les préférences sociales. o L’émotivité et le comportement exploratoire. o La réaction face à l’humain (en état passif). Une étude expérimentale a montré que le poulain d’une jument sur laquelle on pratiquera des manipulations positives, comme un brossage doux (accompagné de récompense alimentaire), s’approchera de l’homme de lui-même. o L’acceptation par le poulain d’une manipulation précédemment réalisée sur sa mère. Il faut souligner que ces influences maternelles s’estompent en même temps que le lien mère-poulain (d’abord exclusif puis privilégié). Cela aura son importance lorsque l’on utilisera cette in-fluence pour faire accepter certaines manipulations au poulain, comme nous le verrons plus tard.

L’impact négatif des techniques d’élevage sur le comportement du jeune poulain et quelques conseils pour y remédier.

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Une technique contestable et contestée : l’imprégnation

Le Dr.Miller a développé une technique d’élevage (en s’inspirant des travaux de Konrad Lorenz avec ses oies cendrées) visant à l’imprégnation du poulain, le but étant d’obtenir plus tard un cheval con-fiant et obéissant envers l’homme. Le poulain est ainsi manipulé par l’éleveur de façon variée, par-fois sans ménagement, durant la première heure de sa vie. Ce contact bouleverse, de toute évi-dence, la relation exclusive entre la jument et son poulain nouveau-né, et vient par conséquent para-siter la mise en place de leur lien d’attachement. Des études ont démontré les conséquences né-fastes d’une telle pratique, source d’un stress important :

▪ Perturbation de la mise en place du lien mère-jeune Le retard du premier contact mère-poulain entrave le développement du comportement ma-ternel. Les premières tétées sont elles aussi retardées et perturbées. L’attachement est non-sécurisé ce qui nuit à l’émancipation du poulain par rapport à la mère. Entre autres répercus-sions, son comportement exploratoire est inhibé et le passage à l’alimentation solide plus tardif.

▪ Perturbation du développement du poulain Les différentes étapes de l’agenda de son développement (évoqué plus haut) sont décalées dans le temps.

▪ Perturbation des compétences sociales du poulain
À six mois, ses interactions avec les autres poulains (auxquels on a épargné ce traitement) sont moindres. Et à l’âge d’un an, il affiche plus de comportements agonistiques à l’égard de ses congénères.

▪ Perturbation de la relation à l’homme
Les tests de tempérament (face à un objet nouveau, un isolement social, le sevrage) sont né-gatifs. L’animal est très méfiant, en retrait, et s’éloigne de l’homme. Cela signe l’échec total de cette méthode.

L’imprégnation réalisée selon les principes du Dr.Miller est donc généralement un échec complet. Ainsi, l’éleveur doit se restreindre à :

● Observer et agir seulement en cas de nécessité absolue (la prise du colostrum, par exemple, ne doit pas inciter à intervenir prématurément afin d’aider le poulain à téter car cette action peut troubler durablement ses relations à sa mère et à l’homme).

● Laisser le lien mère-jeune s’établir.

● Éviter les manipulations inutiles et souvent contre-productives, comme l’assistance à la mise-bas, la mise à la mamelle, le séchage du poulain, jusqu’aux tentatives funestes d’imprégnation.

Un sevrage brutal, source de stress aux conséquences multiples

Dans les élevages, les poulains sont généralement sevrés d’un jour à l’autre à l’âge de six mois (à 9-10 mois dans la nature, comme nous l’avons vu). Qui plus est, ce sevrage imposé par l’homme ne concerne pas seulement l’alimentation. En effet, le poulain voit son environnement et ses parte-naires sociaux changer subitement avec notamment une séparation complète et brutale de sa mère. Ces changements provoquent chez le poulain un stress, plus ou moins important selon les individus, qui se manifeste dans : ▪ Ses constantes physiologiques par une augmentation de la fréquence cardiaque et du cortisol salivaire (hormone dont le niveau est fonction du stress).

▪ Son comportement : le poulain joue et se nourrit moins. Il est agité (voire agressif), bouge et hennit beaucoup, trouve difficilement le repos. Des stéréotypies peuvent aussi apparaître comme des comportements aberrants.

▪ Son état sanitaire : perte de poids et sensibilité accrue aux maladies, ulcères…

Après ce sevrage éclair, le poulain se retrouve isolé socialement et/ou confiné dans un box, ce qui l’affecte dans : ▪ Ses compétences sociales : agressivité envers les jeunes mâles (due au stress, par mécon-naissance des règles de vie en société).

▪ Sa relation à l’homme : moins docile, avec des capacités d’apprentissage réduites, autre conséquence du stress vécu au moment du sevrage.

▪ Son comportement : développement de stéréotypies.

Comment faire évoluer les techniques d’élevage afin de diminuer le stress engendré par nos pratiques au moment du sevrage ?

Bien sûr, il faut s’interroger sur ce choix de l’âge de six mois pour le sevrage. Une observation de la relation mère-poulain permettrait de le moduler au cas par cas. Il faut aussi penser à l’établissement d’une transition alimentaire habituant le poulain à manger sa ration. Un apport riche en fibres et en matière grasse accompagné de complément minéral vitaminé (CMV) est fortement conseillé.

Mais l’on peut aller plus loin. Aussi, de nombreuses expériences ont cherché à atténuer les effets de la séparation brutale avec la mère, avec des sevrages dits « progressifs » : l’une par l’utilisation de barrières à claire-voie comme séparation pendant sept jours préparatoires, l’autre en multipliant les séparations totales courtes pendant plusieurs semaines avant le sevrage, les deux sans grand succès. Toutefois, Cécile Roussel nous présente une expérience récente (2017) qui a obtenu des résultats bien plus encourageants en mixant ces deux techniques. Jugez-en par vous-même : moins de vocali-sation, moins d’agitation, tests de tempérament concluants, et effet bénéfique sur la flore bacté-rienne intestinale. Ce sevrage progressif se définit par : ● 28 jours de séparations d’une durée progressive de 15 min à 6 h, avant le sevrage définitif à six mois. Opération effectuée avec des paires de poulains. ● L’utilisation de barrière à claire-voie pour ces séparations. ● Les poulains et les mères sont nourris pendant le temps de séparation.

Coupler séparation et nourrissage permet de créer une association positive entre ces deux moments (la séparation devient ainsi, au fil des jours, presque attendue), tout en détournant l’attention des animaux. Le stress est alors diminué. La mise en œuvre de cette méthode pourrait d’autant plus être acceptée par nos élevages de chevaux qu’elle ne réclame pas, sur le plan financier comme humain, d’investissements lourds.

Des nombreuses études réalisées dans les élevages au moment du sevrage, l’on a tiré ces recom-mandations : ⮚** Laisser les poulains dans leur environnement habituel, en favorisant :** * La vie en groupe * En extérieur * En privilégiant les fibres (herbes/fourrages) aux concentrés (issus des céréales) pour son alimentation.

⮚ **Retirer les mères une par une, la présence d’autres adultes apaisant le poulain et permettent **: * De diminuer le stress au sevrage * De stabiliser l’activité alimentaire * De favoriser la cohésion sociale * De limiter l’apparition de comportements non désirés comme les stéréotypies

Comment faire évoluer les techniques d’élevage afin de diminuer le stress engendré par nos pratiques? Après le sevrage

Le groupe mêlant poulains et adultes constitue, comme à l’état naturel, le meilleur cadre de vie pour : ▪ Un développement plus complet du répertoire comportemental tel le repos couché, le grooming, le comportement sexuel, le snapping etc… ▪ Canaliser les comportements des jeunes, notamment les attitudes agonistiques. ▪ La cohésion sociale, élément fondamental de la vie en groupe. Mais ce modèle est difficilement atteignable, pour des raisons pratiques, dans les élevages. Quand le cheval doit rester en box, ou que l’élevage est trop réduit pour former un groupe de type familial, l’enrichissement du milieu devient une alternative à ne pas négliger. Son objectif est de reconnecter l’animal à ses besoins fondamentaux (manger, bouger, interagir socialement…), en se rapprochant au mieux de son mode de vie naturel : ● Augmenter le temps passé à rechercher la nourriture et à manger, un cheval sauvage pas-sant 60% de son temps à satisfaire ce besoin. Cela se matérialise par : o Le choix de la litière (paille de préférence, hors pathologie). o Augmenter la quantité de fourrage (par petite quantité éparpillée le plus possible dans le box ou l’utilisation de filets) pour encourager le patch foraging, façon de s’alimenter en « butinant ». Car le cheval a besoin de bouger en mangeant pour éviter les coliques. o Diversifier l’alimentation en multipliant les plantes fourragères de toutes origines. Être aussi attentif à la qualité des fourrages. ● Faciliter la locomotion : équi-pistes, sortie quotidienne hors box…le cheval sauvage est un animal nomade qui parcourt facilement 15 à 20 km par jour. Donner quotidiennement au cheval l’occasion de se déplacer librement, sans contrainte humaine ● Enrichissement social : favoriser les contacts entre congénères. Le cheval est un animal gré-gaire qui a besoin de repères sociaux et d’interactions avec des membres de son espèce. ● Stimuler les capacités sensorielles et cognitives o Aromatiser les rations, varier les odeurs, mise en présence d’objets (à renouveler ré-gulièrement). o Tâches cognitives à résoudre (cacher la nourriture sous un seau par exemple). Tout cela a pour but d’inciter le cheval à reproduire des comportements naturels d’exploration, en limitant son ennui et sa frustration (qui le conduiront à des comportements dangereux et/ou au dé-veloppement de stéréotypie et/ou au développement de pathologies).

Une relation homme-poulain sur de bons rails : comment procéder ?

Respecter le lien mère-poulain

texte alternatif La mère est, comme nous l’avons vu, le premier modèle social de son petit, ce qui fait d’elle le mé-diateur parfait entre l’homme et le poulain : ● À un stade précoce de développement, une relation de confiance humain-jument va favoriser la relation humain-poulain (et les premières manipulations), avec des effets durables dans le temps. ● Prendre en compte, à partir de l’âge de six mois, la diminution de l’influence maternelle, le poulain multipliant alors ses modèles sociaux. ● L’éducation par l’apprentissage devient nécessaire pour les manipulations plus poussées (dé-bourrage, soins vétérinaires…). ●
Quand et comment manipuler le poulain ? Il faut retenir les principes suivants : • Éviter toutes manipulations du poulain durant les premiers jours de vie du poulain

• Ne pas abuser des manipulations sur le poulain jusqu’au sevrage (contre-productif, rejet de l’imprégnation).

• Par contre, réaliser des manipulations « positives » (brossage doux, récompenses alimen-taires) sur la mère, en profitant du lien fort avec son poulain celui-ci sera mis en confiance. Laisser le poulain libre de ses actions pendant ces manipulations

• Commencer au moment du sevrage, et sans tarder, des manipulations précises sur le poulain (caresses, pose du licol, prise des pieds, marche en main). Utiliser cette période clé du déve-loppement du poulain (appelée aussi période sensible) pour lui donner de nouveaux repères, nonobstant la situation stressante qu’il vit, en suivant ainsi la théorie de Gregory Bateson (1904-1980). Ce dernier a énoncé en 1979 que « toute période de réorganisation associée à un stress peut être considérée comme une période optimale pour l’apprentissage, car l’individu est alors plus sensible aux stimuli de son environnement »

Conclusion : en matière de manipulations sur le poulain, il faut accepter de « perdre » du temps pour obtenir de meilleurs résultats texte alternatif

▪ À l’état naturel, le poulain fait partie d’un groupe social formant un entourage essentiel à son bon développement : o D’abord dans une relation quasi-exclusive avec sa mère. o Puis par son intégration à la harde. Il y apprendra les règles sociales de la vie en groupe et découvrira dans ce cadre les comportements adultes. o Le sevrage s’y déroulera de concert entre la mère et le poulain, de manière progres-sive. ▪ À l’état domestique, les interventions humaines doivent être raisonnées : o Respecter de la naissance au sevrage le lien fort entre la jument et son poulain. N’intervenir pendant cette période que sur la mère, ou sur le poulain qu’en cas d’extrême nécessité. o Le sevrage, période cruciale décidée en fonction des contraintes de l’élevage, doit être préparé en amont du mieux possible (transition alimentaire, séparation progres-sive de la mère). ▪ La relation homme-poulain à proprement parler ne devra débuter qu’au moment délicat du sevrage, pendant lequel l’animal est plus malléable. Ensuite, la préparation du débourrage (puis l’éducation) du jeune cheval fera appel aux capacités sensorielles et cognitives recon-nues de celui-ci (ces lois de l’apprentissage des jeunes chevaux seront à découvrir lors d’une autre formation). o La relation homme-poulain à proprement parler ne devra débuter qu'au moment dé-licat du sevrage, pendant lequel l'animal est plus malléable. Ensuite, la préparation du débourrage (puis l'éducation) du jeune cheval fera appel aux capacités sensorielles et cognitives reconnues de celui-ci (ces lois de l'apprentissage des jeunes chevaux seront à découvrir lors d'une autre formation).