La crise viticole qui frappa durement les vignerons au XIXe siècle en poussa certains à se tourner vers la production de raisin de table. Cette filière se développa fortement au cours du XXe siècle. On estime aujourd’hui la consommation intérieure à 160 000 tonnes, soit environ 2,5 kg par habitant, chaque année. Mais l’essentiel des besoins est couvert par les importations d’Italie et d’Espagne ainsi que de l’hémisphère sud en contre saison. La filière française animée par 3170 producteurs sur 5200 ha produisant 46 000 tonnes de raisin est donc largement déficitaire. Avis aux amateurs !
Où produit-on du raisin de table en France ? Eh bien principalement dans le Sud-Est qui concentre 70 % de la production dont surtout le Vaucluse. L’autre grand département producteur est le Tarn-et-Garonne (21 % de la production) où se situe le fameux vignoble de Moissac.
Y en a pour tous les goûts
Le raisin, cueilli de fin juillet à octobre selon les variétés, égaye les repas et se déguste aussi entre eux. La gourmandise ne se commande pas ! Il est également utilisé pour produire du jus, du verjus (qui sert de vinaigre), du raisiné (confiture), des raisins secs, des pâtes de fruits…
Deux variétés de raisin de table bénéficient d’une Appellation d’origine contrôlée (AOC) : le Chasselas de Moissac et le Muscat du Ventoux. Mais la liste des variétés cultivées est plus large ; citons-en quelques-unes : * En raisin noir on recense ainsi les : Prima, Cardinal, Lival, Muscat de Hambourg, Alphonse Lavallée, Ribol. * En variété rosé : le Rubi, le Suffolk (sans pépin). * En raisin blanc : le Centennial (sans pépin), le Danlas, le Chasselas.
Du bio ou rien !
Dans la continuité de son cours en ligne sur la protection du vignoble par des techniques alternatives, Arnaud FURET consacre son nouveau cours à la production de raisin de table bio. Son propos contient deux parties : la conduite de la vigne et l’installation d’une nouvelle vigne. Il s’adresse aux vignerons mais aussi aux agriculteurs et maraîchers qui souhaitent se diversifier en créant un atelier de production de raisin de table. La France, nous l’avons vu, est largement déficitaire dans ce produit.
Comme nous le savons, la vigne est une liane. Elle appartient à la famille des vitacées. En Europe, c’est principalement le genre Vitis vinifera qui est cultivé, tant en raisin de cuve que de table. La plupart des cépages sont greffés sur des Vitis américaines ou asiatiques pour résister au phylloxéra (maladie due à une espèce d'insectes hémiptères de la famille des Phylloxeridae) et à d’autres maladies. Il y a aussi des hybridations.
Guidés par notre expert, voyons tout d’abord comment tailler et conduire la vigne, puis nous nous intéresserons au travail du sol et à la gestion biologique des maladies et ravageurs. Enfin, viendra la plantation de la vigne puis la récolte.
On taille la vigne en période hivernale : brr !
Bravant le froid et l’humidité, le vigneron passe de longues journées d’automne et d’hiver à tailler sa vigne. Il le fait avec soin, non seulement pour l’année qui vient mais en pensant aussi aux deux suivantes. Il vise deux objectifs : obtenir à l’automne prochain des raisins de qualité en quantité suffisante (ni trop ni trop peu), et pérenniser le cep de façon à maintenir son vignoble productif sur plusieurs dizaines d’années.
Contenir le cep sans abimer la plante
La taille vise à contenir le cep, c’est-à-dire limiter l’allongement de la souche, en choisissant de garder le ou les bois les plus proches du cep pour favoriser la surface foliaire au détriment des bois. On choisit bien sûr des bois fructifères, à savoir des sarments de l’année à partir d’un bois de 2 ans. Un vieux bois ne porte que peu ou pas de grappes.
L’outil doit être bien affûté pour une coupe nette. Sinon, des pathogènes peuvent s’y loger. Un cône de dessèchement va se former près de la coupe qui bloque la circulation de la sève. Il faut donc tailler loin du 1er nœud à conserver pour ne pas gêner la circulation de la sève vers ce nœud.
Courte ou longue, la technique de taille est diverse
La taille est très normée, même si chaque vigneron a tout de même sa façon de choisir où donner ses coups de sécateur. Il y a deux grandes familles de taille : courte (gobelet, éventail, cordon de Royat) ou longue : Guyot, Guyot-Poussard simple ou double.
Ces types de taille conditionnent différents modes de conduite de la vigne, plus variés en raisin de table qu’en raisin de cuve : plan vertical (treille), lyre, T-bord, pergola…
Pour bien faire comprendre la taille, Arnaud FURET présente à l’aide d’un schéma l’anatomie du cep dont il nomme chaque partie : système racinaire, talon, porte-greffe, rejet du porte-greffe, bourrelet de greffage, gourmand, tronc ou coque, courson (1 à 2 yeux), baguette (4 à 10 yeux), sarment, entre-cœur.
On taille court les cépages productifs
Le gobelet, plus adapté à la cuve qu’au raisin de table, se pratique surtout dans les coteaux peu mécanisés. Ce mode de taille est relativement facile et qualitatif, adapté aux cépages productifs mais ne permet pas de gros rendements par pied. Il ne convient guère aux cépages peu fertiles. Encombrant, le gobelet rend la mécanisation délicate. Assez bas, il est exposé à la gelée.
Une variante du gobelet est l’éventail où les bras sont disposés dans un même plan, ce qui rend la mécanisation plus facile.
Dans le cordon de Royat, un bras porte des coursons. Ce type de taille est relativement facile et mécanisable. Il est approprié aux cépages productifs mais guère aux cépages peu fertiles ni aux gros rendements par pied. Il a tendance à trousser, c’est-à-dire à compacter les grappes. Mieux vaut l’appliquer aux cépages à grappes plutôt lâches : Pria, Ora, Cardinal, Muscat de Hambourg, Alphonse Lavallée, Belair.
On préfère souvent la taille longue
Pour beaucoup de variétés en raisin de table, on pratique majoritairement la taille longue.
Taille Guyot, simple ou double : 1 ou 2 baguettes de 10 yeux. Cette taille longue, plus complexe, donne une vigueur moins homogène que les tailles courtes car il y a un risque de répartition inégale de la pousse entre les rameaux de base de la baguette et ceux de l’extrémité qui démarrent en premier. Les grappes sont un peu plus lâches qu’en taille courte ; la taille Guyot est donc adaptée aux variétés Chasselas, Centennial, Danlas, Muscat de Hambourg, Serna, Italia, Rubi, Belair, Suffolk Red. Parmi les inconvénients, Arnaud FURET cite les grosses plaies de taille.
Ce mode de taille, si on choisit bien le courson, présente l’avantage de contenir la croissance de la souche. Il limite aussi les risques de gel car on attache après le gel. En outre, l’ébourgeonnage d’un œil sur deux est facile.
La taille Guyot Poussard présente deux côtés fonctionnels et donc deux coursons.
De sa présentation de la taille en raisin de table, Arnaud FURET conclut sur l’importance de ce geste du vigneron dans la réussite de la récolte. Choisir une taille adaptée à chaque cépage. Tenir compte des risques de gel, de la complexité du geste et donc du temps passé, ainsi que de la mécanisation de la parcelle. La main-d’œuvre est un poste important. Est-il ou non possible de mécaniser ? Et puis la taille doit être adaptée au mode de conduite de la vigne qui influence le coût d’installation et de production. Le vigneron intègre le choix variétal dans sa réflexion où il prend en compte la vigueur, la sensibilité à certaines expositions, le caractère plus ou moins compact des grappes, la précocité, la demande du marché. Créer un vignoble en raisin de table coûte cher. L’investissement s’amortit sur vingt ans. Pas question de rater ses choix !
Conduire la vigne en mode traditionnel
Arnaud FURET présente les deux principaux modes de conduite : plan vertical et lyre. Puis il décrit de nouvelles techniques qui sont encore à affiner : T-Bord et gable.
En plan vertical, les vignes sont alignées sur une ligne palissée de trois à quatre fils dont la hauteur totale dépend de la largeur inter-rang. Mieux vaut positionner le fil porteur assez haut pour faciliter le travail et prévenir les risques de gelée. S’y ajoutent les fils releveurs.
La lyre conduit la vigne sur deux plans en V. Elle peut s’installer en deux étapes. Arnaud FURET présente un exemple à l’aide de schémas et de photos : la structure est faite de deux poteaux croisés à hauteur du sol, enterrés de 70 cm pour une hauteur de 1,75 m avec un écartement au sommet de 1,55 m. Le premier fil porteur est à 1 m.
Entre les deux, quel est le plus intéressant ? Arnaud FURET indique qu’une lyre produit 1,5 fois plus que le plan vertical pour un coût d’installation 1,3 fois plus élevé. Conclusion : la lyre est intéressante.
Innover dans la conduite de la vigne
Répandu dans de nombreux pays producteurs, le gable est encore en expérimentation en France, au domaine expérimental La Tapy, près de Carpentras. Il s’agit d’une lyre haute et ouverte formant une pergola intégrale. Le gable est structuré par un mât central supportant un V à 1,3 m du sol, avec 3,6 m entre rangs. Différents modes de palissage sont expérimentés, sur Centennial, cépage très productif. L’expérimentation devrait permettre de répondre à plusieurs questions : quelle tenue au vent, quelle durée de vie des vignes, quelle humidité sous la structure, quel coût ? Pour le moment, on sait que le gable coûte un peu plus cher que la lyre à l’installation et nécessite un temps de travail plus important.
Autre innovation, le T-Bord (du nom de son inventeur Bord), est une pergola adaptée en forme de T, créée à Moissac. Ce mode de conduite demande un temps de travail moindre que la lyre de l’ordre de 50 h/ha/an, et un coût d’installation plus faible aussi. Le T-Bord semble donc gagnant, d’autant plus qu’il diminue la pression des maladies.
Ainsi, on peut dire que le plan vertical et le T-Bord sont les modes de conduite les plus simples à mettre en place et les moins coûteux. En outre, le T-Bord diminue la pression des maladies mais il est un peu plus long à établir.
Une particularité : la vigne sous tunnel
Que recherche-t-on en cultivant la vigne sous tunnel qui représente tout de même un coût supplémentaire non négligeable ? Eh bien d’abord de la précocité : un à deux mois, surtout marquée sur les variétés tardives ; très faible sur les variétés précoces. Et puis d’autres avantages : abriter la vigne des intempéries, gérer les adventices par le paillage, et limiter, voire supprimer, les contaminations de mildiou et black-rot. En revanche le risque d’oïdium est accru par la chaleur et l’humidité. Le vigneron doit donc bien gérer la ventilation et le blanchissement du tunnel pour éviter les coups de chaud. Autre inconvénient : le soufre pulvérisé contre l’oïdium détériore les bâches du tunnel. Mieux vaut travailler avec du carbonate de potassium : Vitisan et pas Armicarb. On peut toutefois déposer au pied des ceps des poquets de fleur de soufre qui diffuse lentement dans l’atmosphère. Il faut aussi bien maîtriser la vigueur de la vigne en contrôlant notamment le goutte à goutte.
La vigne se contente de peu mais n’aime pas avoir les pieds dans l’eau
Elle ne demande pas un sol riche en nutriments. En revanche, elle préfère les sols drainants. Beaucoup de vignobles, surtout en coteaux, sont sujets à l’érosion. Les couverts végétaux ont un effet positif de lutte contre l’érosion, mais aussi d’engrais verts et de stimulants de la vie microbienne du sol. Bien que peu gourmande, la vigne enherbée peut pâtir de la concurrence de l’herbe que le vigneron doit donc gérer. Pour cela, il travaille superficiellement le sol, ce qui permet en outre de l’aérer.
Un apport de compost à l’automne, pas forcément tous les ans, améliore la structure du sol et évite le lessivage et la lixiviation (migration des éléments solubles sous forme d’ions) du sol.
Fertiliser à bon escient
En matière de fertilisation, un apport de 10 unités d’azote maximum en sortie d’hiver relance l’activité microbienne. Des apports en potassium (K) et magnésium (Mg) sont parfois nécessaires. Pour le savoir, il faut pratiquer des analyses de terre. Arnaud FURET rappelle qu’il est important, en vigne comme en d’autres cultures, de connaître le sol1 de ses parcelles. Le profil de sol donne un aperçu visuel riche d’enseignement : la couleur de la terre indique sa teneur en matière organique ; on voit les vers de terre ou au moins leurs galeries, et les zones d’hydromorphie. Or celle-ci provoque l'asphyxie de la microfaune et de la microflore, la disparition des bactéries aérobies au profit des bactéries anaérobies à l'origine de la production de nitrites (bactéries dénitrifiantes), de la déstructuration des argiles et du complexe argilo-humique qui entraîne la libération des cations Fe3+ et Al3+, substances toxiques. Le profil permet de voir les zones de compactage comme les semelles de labour. Il est complété par une analyse de terre qui indique le taux de matière organique ainsi que la teneur en éléments majeurs (P, K, Mg) et en microéléments.
Arnaud FURET évoque les cultures associées et, à titre d’exemple, la plantation de vigne dans un couvert de féverole qui fixe l’azote de l’air et permet un démarrage des plants.
Travailler ou non le sol
Les inter-rangs sont classiquement enherbés assez largement. Le vigneron travaille donc le sol sous les rangs pour dégager les ceps. Habituellement, il butte en automne, parfois rebutte légèrement en fin d’hiver, puis débutte au printemps. Mais la fréquence des hivers doux liée au réchauffement climatique favorise la pousse des adventices dans la butte qui s’avère plus difficile à défaire au printemps. Les fabricants proposent de nombreux outils, rotatifs ou non, pour réaliser ce travail, avec des démonstrations dans tous les vignobles. Arnaud FURET montre un outil inter roues intéressant monté sur un petit tracteur, d’un seul côté. Il évoque la réalisation par l’Atelier paysan d’étoiles de boudibinage.
On peut aussi se passer de travailler le sol. Comment ? Notre expert évoque deux voies : d’abord le paillage, réalisé avec un film plastique, de la toile tissée, du feutre géotextile, du bois raméal fragmenté (BRF) ou de la paille… Et puis une technique plus inattendue : la gestion animale ! Il nous montre des oies et des poules « nettoyeuses » dans une vigne du Bugey.
Irriguer la vigne : il faut savoir faire
Irriguer est quasiment obligatoire en raisin de table pour pallier le manque de précipitations en période estivale et garantir une production de qualité. Au cours de la saison, il faut évidemment tenir compte des besoins. En début de saison jusqu’à la floraison, l’eau du sol suffit. C’est entre floraison et nouaison que commencent les apports d’eau qui vont en augmentant jusqu’à la véraison, lorsque la baie de raisin gonfle et change de couleur. L’irrigation s’arrête alors pour permettre une maturité correcte et éviter l’éclatement des baies. En sol superficiel, logiquement, on fractionne les apports pour limiter les pertes en profondeur.
Arnaud FURET ne se contente pas de généralités, il donne des indications quant aux quantités d’eau à apporter : Lyre : 0,4 à 1,8 mm/j en sol superficiel et 0,2 à 1mm en sol profond. Plan vertical : sol superficiel : 0,4 à 1,5 mm/j ; sol profond : 0,4 à 0,8 mm/j. Sur une vigne enherbée, augmenter les apports de 20 %.
Ces doses sont indicatives. Or nous savons que la ressource en eau est de plus en plus limitée, qu’il faut tenir compte des précipitations et de la dynamique de l’eau dans le sol. Dans la pratique, pour une approche plus précise, on utilise des sondes tensiométriques qui mesurent la disponibilité de l’eau dans le sol.
Étant donné les faibles quantités nécessaires et le danger de l’excès d’eau, le goutte à goutte est idéal, car pilotable et efficace. On préconise habituellement un goutteur par cep à 2 L/h. Sur sol filtrant, rapprocher les goutteurs. L’irrigation est quotidienne ou cumulée en 4-5 apports tous les 6-7 jours si le sol retient l’eau. Les fabricants proposent différents types de goutteurs qui peuvent être auto régulants. Selon le mode de conduite (plan vertical ou lyre), l’écartement des rangs, le diamètre et la longueur des tuyaux, on peut régler des pressions différentes en tête de rampe. C’est assez technique, comme on le voit ; il est préférable, pour le vigneron, de se former spécifiquement à la conduite de l’irrigation afin d’éviter des erreurs qui risqueraient de ruiner la récolte. L’excès d’eau présente des risques qui peuvent être importants selon la sensibilité de la variété : manque de coloration et d’arômes, emballement de la végétation, maladies, défaut d’aoûtement2, moins bonne conservation des baies, éclatement, dessèchement de la rafle… Comme vous le voyez, l’irrigation est une pratique certes intéressante mais qu’il vaut mieux savoir maîtriser !
La vigne est sensible aux maladies
La vigne, en Europe, ne sait pas (ou pas encore) se défendre seule contre ces maladies importées pour la plupart d’Amérique dans la seconde moitié du XIXe siècle : oïdium, mildiou, phylloxera, black-rot… des noms redoutables qui ont failli sonner le glas du vignoble ; et plus récemment, flavescence dorée, scarabée japonais, xylella fastidiosa… la liste n’en finit pas. Et donc, traditionnellement, les vignerons traitent abondamment les vignes. Or les produits phytosanitaires polluent, coûtent cher et nuisent à la santé des sols et des personnes. Depuis longtemps déjà, des vignerons sensibles à ces nuisances et visionnaires se sont employés à réduire l’usage de ces produits. Arnaud FURET présente les techniques alternatives issues de l’agriculture biologique qui ont prouvé leur efficacité et dont les produits sont, quand c’est nécessaire, homologués. En bio, on n’a pas la chimie comme alliée mais plutôt la nature. Le vigneron doit en permanence observer sa vigne et agir en prévention car, comme le dit Arnaud FURET, il ne dispose pas de béquilles.
Créer les conditions de la bonne santé de la vigne
Le principe de base de la protection de la vigne est donc la prévention. Or la sensibilité de la vigne aux ravageurs et maladies est étroitement dépendante de son état physiologique général. Et là, le vigneron peut agir par sa conduite de la vigne. À lui d’en maîtriser la vigueur ; à lui d’aérer les grappes ; à lui de préserver la faune auxiliaire ! Ainsi le vigneron crée les conditions de la bonne santé de sa vigne.
Il taille selon les règles, en veillant à l’hygiène de son outil, il enherbe son vignoble mais maintient l’herbe à un niveau bas pour favoriser un microclimat sain qu’on retrouve dans la haie foliaire aérée autour des grappes, il raisonne les apports nutritionnels, il maîtrise les travaux du sol
Protection biologique
Il apparaît capital, dans une démarche de gestion des prédateurs de la vigne, de favoriser et protéger les auxiliaires prédateurs, ceux qui mangent les autres. C’est la lutte biologique qu’il vaudrait mieux nommer protection biologique tant le mot lutte rappelle une position de combat avec l’arme chimique. Parmi ces auxiliaires retenons les coccinelles, les syrphes, les typhlodromes, les chrysopes. Autres alliés du vigneron : aphelinus (parasite des pucerons) et cotesia glomerata (parasite de papillons). Il y a aussi des concurrents d’espace comme les tydéides qui occupent la place dans la même niche écologique que certains prédateurs ou parasites.
Attention de ne pas nuire à tous ces alliés dont la liste est longue ! Or des produits de traitement utilisés en conventionnel peuvent détruire les précieux auxiliaires.
Traiter peu mais bien
L’agriculture biologique s’autorise des traitements avec certains produits à certaines doses. Dans ces conditions restrictives, la pulvérisation doit être de qualité irréprochable : tout organe doit être touché. Il faut évidemment passer au bon moment, c’est-à-dire prendre en compte la pousse et la météo sans oublier ce qu’Arnaud FURET nous a dit plus haut : aérer le feuillage, enlever les gourmands…
Et puis tout au long de la saison, au fur et à mesure de la pousse, il faut adapter le volume de bouillie et la dose de produit. Optidose, une application de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), apporte une aide précieuse : http://www.vignevin-epicure.com/index.php/fre/optidose2/optidose
Les doses varient en fonction du risque épidémiologique et du stade de la vigne. Le risque maximum, on le sait, se situe à la floraison.
Pourquoi traite-t-on ? Eh bien, rappelons-le, parce que la vigne n’est pas capable de se défendre seule contre un certain nombre de pathogènes et de ravageurs qui l’assaillent. Parmi eux, tout d’abord, les champignons microscopiques qui provoquent les maladies fongiques qu’on nomme aussi cryptogamiques : principalement mildiou, oïdium, black-rot.
Le cuivre pour prévenir le mildiou
Dans sa vidéo, Arnaud FURET montre les symptômes du mildiou sur les feuilles. Facile à voir puisqu’il est présent dans tous les vignobles. Mais il ne faut pas le laisser s’implanter, et, pour cela, dès que les conditions sont propices à la maladie, le vigneron applique du cuivre juste avant la pluie Le cuivre est libéré par l’eau de pluie qui le rend actif. Mais le cuivre est limité, en bio, à 28 kg/ha de cuivre métal sur 7 ans, soit donc en moyenne 4 kg/ha/an. De petites doses répétées sont plus efficaces que de grosses doses espacées.
En fin de saison, il faut éviter le marquage sur les grappes. On privilégie alors les bouillies bordelaises non colorées ou hydroxydes de cuivre.
Le vigneron peut renforcer l’action du cuivre par des produits de biocontrôle comme le Prev-Am (huile essentielle d’orange douce), le Fytosave (composé oligosaccharidique qui stimule les défenses naturelles des plantes).
Le soufre pour prévenir l’oïdium
Les spores d’oïdium, volatiles, sont dispersées par le vent chargé d’humidité. La contamination se répand rapidement. C’est le soufre qui permet de prévenir la maladie à la dose de 6 à 10 kg/ha en préventif à partir du stade 17 (10 feuilles étalées, apparition de la forme typique de l’inflorescence), à renouveler tous les quinze jours. Le soufre n’est pas limité en bio. On peut poudrer de la fleur de soufre au moment de la floraison, laquelle peut s’étaler sur une quinzaine de jours sur une même parcelle. Le traitement favorise la chute des capuchons floraux, limitant les entrées de botrytis ; les étamines s'écartent, libérant le pollen.
Comme nous l’avons dit, pensez à aérer au maximum la grappe.
Attention ! Sur quelques variétés l’oïdium est présent dès l’éclatement du bourgeon. Attention encore : par fortes chaleurs, le soufre marque les baies !
Le vigneron peut utiliser des produits de biocontrôle (plus chers), surtout par fortes chaleurs : Vitisan ou Armicarb (polycarbonates de potassium), Essen’ciel ou Prev-am (à base d’huile essentielle d’orange douce). Attention toutefois à la phytotoxicité d’Armicarb ou Essen’ciel : ces produits peuvent marquer les raisins.
Black-rot
Moins généralisé que le mildiou et l’oïdium, le black-rot est présent dans certains vignobles ou certaines parcelles. Il aboutit à la momification de la baie. Comme le mildiou, le black-rot arrive par projections de la terre par la pluie sur les organes de la vigne. Il faut donc éviter les mouillères au sol, et, en zone sensible au black-rot, garder de l’enherbement assez dense et haut comme un filtre à spores. Et puis, garder les feuilles qui servent de bouclier physique au black-rot.
En traitement, l’association cuivre + soufre est efficace. C’est surtout le soufre le plus actif ; sa quantité, nous l’avons dit, n’est pas limitée en bio. Les premiers produits homologués en AB sont apparus récemment : association hydroxyde et oxychlorure de cuivre. Par ailleurs, il y a eu des essais avec des bouillies sulfocalciques (bouillie nantaise ou italienne : polisenio ou curatio), prêles, acide acétique… qui ont montré quelque efficacité.
Les trois maladies fongiques que nous venons d’évoquer, mildiou, oïdium, black-rot, forment un trio qui peut être piloté comme un ensemble, différemment selon les vignobles et leurs conditions climatiques. Dans les vignobles du sud, on pilote principalement par rapport à l’oïdium, donc au soufre. Plus au nord, davantage en stratégie mildiou-black rot, cuivre avant la pluie, renouvelé après 20 mm de pluie qui a lessivé le cuivre, juste avant la prochaine pluie. En général, on associe du soufre, protection anti oïdium.
Les acariens aussi aiment la vigne
Les acariens sont toutefois moins pénalisants pour la vigne que les champignons microscopiques évoqués ci-dessus. Mieux vaut les connaître pour ne pas paniquer. Classés parmi les ravageurs secondaires de la vigne les acariens jaunes et rouges appartiennent à la famille des Tetranychidae ; ils provoquent le bronzage des feuilles. Le vigneron peut recourir à des acariens prédateurs. En général, un petit acarien prédateur de la famille des Phytoseiidae (pytodromus caee) vient réguler les populations.
L'érinose est une maladie engendrée par un tout petit acarien, Colomerus vitis, qui provoque des boursouflures brunes sur les feuilles, et l’acariose, des boursouflures grises, surtout aux printemps froids quand la pousse de la vigne est lente. Pour y remédier, on repère les secteurs atteints et on applique un soufre précoce l’année suivante.
Il y a aussi les insectes
Les insectes eudémis et cochylis sont dits tordeuses de la grappe ou vers de la grappe. Ils produisent plusieurs générations par an dont les 2ème 3ème (celle-ci survient en fin juillet) pénètrent dans les baies en favorisant le développement de différentes pourritures dont la pourriture grise. Les populations sont en général gérées naturellement.
On peut les gérer par confusion sexuelle mais aussi en favorisant les oiseaux insectivores comme les mésanges pour lesquelles on dispose des nichoirs. Le vigneron peut aussi traiter avec Bacillus thuringiensis (Bt).
La flavescence dorée apparue plus récemment (années 1950) dans certains secteurs, est l’une des maladies les plus dommageables du vignoble européen. Elle est due à une cicadelle (scaphoïdeus titanus) qui pond en fin d’été sous l’écorce du vieux bois. Pour agir, il faut savoir en reconnaître les symptômes : les feuilles s’enroulent et vont devenir jaunes sur cépages blancs, rouges sur cépages rouges, les rameaux ne vont pas aoûter, les grappes vont soit avorter soit devenir flasques. Et là, pas de quartier : on repère les ceps atteints, on coupe les rameaux en saison sans délai pour éviter la dissémination par les insectes et on arrache les ceps avant le printemps. C’est une obligation réglementaire.
En outre, en zone infestée, un traitement insecticide est obligatoire, au Pyrévert, d’origine naturelle, seul homologué en bio mais assez cher et pas sélectif. Le traitement a donc lieu le soir après la rentrée des abeilles dans les ruches. Ne pas mélanger ce produit au cuivre ni au soufre.
Quand on plante de la vigne dans les secteurs sensibles, on utilise des plants traités à l’eau chaude.
Parmi les insectes ravageurs, Arnaud FURET mentionne drosophyla suzukii, la mouche des cerises et petits fruits, qui peut attaquer les raisins rouges. Le vigneron se tient informé par les signalements BSV (bulletin de santé du végétal). Il peut en outre pratiquer lui-même des piégeages de surveillance.
En traitement, il peut appliquer du Larvasoil qui est une huile essentielle de géranium, citronnelle de Java, géranium d’Égypte. Il peut aussi appliquer une infusion de quatre plantes : rue, tanaisie, saponaire, menthe. Enfin, il peut blanchir les baies par pulvérisation de calcium mais il risque de marquer le raisin.
Recourir aux PNPP
Les PNPP (préparations naturelles non préoccupantes) peuvent faire sourire certains vignerons conventionnels ; elles n’en sont pas moins historiquement utilisées par les agriculteurs et progressivement homologuées. Arnaud FURET les a abordées longuement dans son cours en ligne sur les techniques alternatives en protection du vignoble ; il y revient en détail dans la dernière partie du présent cours (modules 8 à 14). Ne manquez pas de vous y reporter. Il en résume ici les principales informations.
Il existe deux catégories de PNPP : les substances naturelles à usage biostimulant (SNUB) et les substances de base (SB). Un recueil est publié par les GAB (groupements d’agriculture biologique).
Il s’agit le plus souvent de préparations à base de plantes (infusions, décoctions, extraits fermentés) qui permettent de limiter les quantités de cuivre et soufre. L’usage des PNPP demande une grosse capacité d’observation, de la réactivité et de la technicité.
Les substances naturelles à usage biostimulant (SNUB) à base d’extraits végétaux sont intéressantes pour maintenir les plantes en bonne santé. Parmi elles, la consoude en extrait fermenté (purin) présente un intérêt notoire sur la vigne en début de saison, la rendant moins sensible aux maladies et aux insectes. La reine des prés (SNUB) et le saule déclenchent les défenses des plantes grâce à leur teneur en acide salicylique. La bourdaine (SNUB) montre un intérêt dans la lutte contre le mildiou Riche en anthraquinones dans ses écorces, la bourdaine stimule les mécanismes de défense en présence du pathogène. Pas de cadre réglementaire pour le moment.
La prêle en décoction retarde la maturité des spores de mildiou et attaques de black-rot. Son usage est légal car elle est inscrite maintenant comme substance de base (SB) dans la lutte contre les maladies. Autre substance de base, le fructose (ou le saccharose) permettrait de limiter les doses de cuivre sur mildiou.
L’agriculteur qui envisage de produire du raisin de table va se poser différentes questions, et notamment celle de la quantité de travail : combien de temps faut-il y passer et à quelles saisons ? C’est le calendrier des travaux.
Calendrier des travaux
Les informations données par Arnaud FURET au sujet du travail, mesurées en heures par hectare, concernent la vigne non couverte et mécanisée. Elles sont indicatives. Tailler la vigne et tirer les bois, à partir de janvier jusqu’en mars : 50 h. Remplacer des ceps, en novembre et février : 5 h. Fertiliser et amender, en février-mars : 2 h. Tuteurer, attacher, en mars-avril : 10 h. Entretenir le palissage et relever la vigne, en mars : 3 h. et juin juillet : 22 h. Travailler le sol, gérer l’enherbement (adapté au mode de conduite), en mars, avril, mai, juin et même juillet : total 11,5 h. Épamprer, ébourgeonner, en mai-juin : 50 h. Traiter, d’avril à juillet : total 7 h. Écimer, rogner, en juin et juillet : 4 h. Récolter manuellement (ex. AOP Moissac en chasselas) : 150 à plus de 300 h selon le rendement. Si les cépages sont à précocité différente, la récolte peut être répartie entre juillet et octobre.
Au bout du compte, à titre indicatif, le vigneron totalisera environ 316 h de travail par ha et par an, voire davantage (880 h en AOP Moissac), répartis de janvier à novembre, avec une période intense de juin à septembre et beaucoup d’observation au printemps.
Après avoir expliqué comment tailler, conduire et protéger la vigne, Arnaud FURET donne à l’agriculteur qui envisage d’implanter une vigne en raisin de table bio des conseils sur l’implantation elle-même. Les vignes sont greffées. Le porte-greffe d’origine américaine ou asiatique, résistant au phylloxéra, développe en terre le système racinaire, tandis que le greffon, d’origine européenne (Vitis vinifera), pousse dessus, qui produira le raisin.
Choisir les porte-greffes
Le porte-greffe, Vitis riparia, Vitis rupestris ou Vitis berlandieri, est choisi en fonction du sol, notamment son pouvoir chlorosant. La chlorose désigne de façon générale une déficience en chlorophylle chez les végétaux, responsable d’une décoloration des feuilles plus ou moins prononcée (jaunissement). Elle est le plus fréquemment due à une carence en fer, qui peut avoir plusieurs origines (déficience du sol, blocage de l’absorption ou de l’utilisation par la plante). Les besoins de la vigne en cet élément sont réduits (inférieur à 1 kg/ha), ce qui fait du fer un oligo-élément. Peu, mais indispensable. L’indice de pouvoir chlorosant (IPC) est calculé pour les cultures pérennes sensibles à la chlorose ferrique en sols calcaires (vigne, arbres fruitiers). L’IPC est un ratio entre le calcaire actif (qui représente la fraction du calcaire total susceptible de se dissoudre facilement et rapidement dans la solution du sol) et le fer assimilable : L’IPC varie de 0 (risque de chlorose nul) à plus de 100 (risque de chlorose très élevé nécessitant un porte-greffe très résistant à partir de 50-60). Il permet de choisir un porte-greffe adapté au risque de chlorose.
D’autres critères interviennent dans le choix du porte-greffe : la compatibilité entre porte-greffe et greffon, la vigueur conférée au greffon, la résistance à la sécheresse (par ex un 110 R très résistant). Arnaud FURET présente sur des tableaux plus d’une quinzaine de porte-greffes classés selon leur résistance à la chlorose, de sensibles à très résistants au calcaire actif, mais aussi la capacité à assimiler les éléments minéraux du sol : azote, phosphore, potassium, calcium, magnésium, ainsi que la résistance à la sécheresse. Un seul porte-greffe est adapté à une salinité élevée du sol. Avant tout, il est indispensable de réaliser une analyse précise du sol. Si le sous-sol est calcaire, le sol en contiendra forcément mais pas nécessairement du calcaire actif qu’il faut donc doser. Le pépiniériste local est le mieux placé pour conseiller le vigneron en fonction du sol et de la variété de raisin choisie.
Choisir les variétés de raisins
Le choix de la variété du greffon s’établit en fonction du marché visé et de la date de récolte adaptée aux autres activités de la ferme. Selon la précocité des variétés, on peut étaler la production de fin juillet à mi-octobre. Arnaud FURET présente, avec de belles photos, quelques grands classiques du raisin de table repris ci-dessous. Le Prima est le raisin rouge le plus précoce (25 juillet au 5 août), rendement moyen à la station La Tapy : 13 à 20 t/ha, bonne aptitude à la conservation et au transport mais saveur neutre. L’Ora est son pendant en blanc, rendement 12 à 18 t/ha, irrégulier les premières années, sensible à l’éclatement (attention à l’irrigation !), assez aromatique, se transporte facilement. Le Cardinal présente une coloration rouge irrégulière. Il se récolte du 25 juillet au 15 août, avec un rendement de 13 à 20 t/ha, assez aromatique, sensible à l’éclatement. Le Chasselas, blanc, se récolte du 10 au 25 août, avec un plus petit rendement : 9 à 12 t/ha. Baies et grappes petites, raisin mixte (cuve et table), donc déclaration aux douanes à la plantation, aromatique, bronze sur la face exposée au soleil d’où l’utilité de le protéger par le feuillage (intérêt de la conduite en T-Bord). Le Centennial seedless (blanc sans pépin), récolte 10-25 août, rendement élevé : 20 à 25 t/ha voire 30 t en gable. Vigueur forte à très forte, demandant une taille en Guyot strict. Baies ovoïdes et grosses, grappes moyennes à grosses, saveur acidulée aromatique, aptitude moyenne à la conservation et au transport, sensible à la pourriture grise. Le Muscat de Hambourg, raisin rouge mixte dont la coloration varie selon les terroirs, récolte entre le 20 août et le 15 octobre, rendement 10 à 18 t/ha, baies et grappes moyennes à grosses, compactes. Chair fondante, arôme muscat. Vigueur forte. Bonne aptitude à la conservation et moyenne au transport. Sensible à plusieurs maladies mais peu à la pourriture grise. L’Alphonse Lavallée, raisin rouge mixte à baies et grappes grosses, forte vigueur, taille en Royat, récolte du 25 août au 20 septembre, rendement de 15 à 25 t/ha. Sensible à l’éclatement. Chair croquante mais saveur neutre. Bonne aptitude à la conservation et au transport. Le Serna Inta, raisin rosé sans pépins, en baies assez petites sur grappes plutôt grosses, récolte du 10 au 30 septembre, rendement 15 à 20 t/ha. Taille longue modérée (6 à 8 bourgeons maxi) pour soutenir la coloration. L’Italia, raisin blanc, récolte du 10 au 30 septembre, rendement 15 à 20 t/ha, taille Guyot, très forte vigueur, sensible au mildiou et pourriture grise. L’Italia rubi, son pendant en rosé. Le Belair, très tardif, récolte du 10 au 25 octobre donc plutôt adapté aux zones sud, 15 à 25 t/ha, belle grappe, baie ferme et croquante mais peau astringente, goût neutre, très bonne conservation et aptitude au transport. Le Suffolk red (anciennement Pink Berry), raisin rouge rosé sans pépin (apyrénie assez stable). Petites baies, petites grappes, rendement 15 à 20 t/ha, arômes de fraise ou framboise très prononcés. Sensible à la pourriture, au mildiou, à la sécheresse, à l’égrenage. Variété à cultiver en complément. Possibilité d’emballer la grappe avant maturité dans une poche en papier.
De plus en plus de nouvelles variétés apparaissent, souvent hybrides, résistantes aux maladies.
Qu’en pensent les producteurs ?
Arnaud FURET a interrogé un groupe de producteurs bio du sud-ouest, en particulier du Tarn-et-Garonne. Voici leur avis sur les variétés. Exalta est la variété la plus plantée en bio ces dernières années : raisins dorés, quasi sans pépins, goût muscaté, petites grappes, moyennement sensible aux maladies. Chasselas, valeur sûre de la région de Moissac. Plutôt précoce et assez peu sensible aux maladies. Rendement assez modeste : autour de 6 t/ha. Ribol, raisin noir, variété mixte, récolte tardive, donc attendre qu’il soit mûr pour avoir du goût, assez peu sensible aux maladies donc adapté à la bio. Muscat de Hambourg, très répandu dans le sud-est, moins dans le sud-ouest. Suffolk red , encore une curiosité à essayer, attractif pour son goût fruits des bois. Assez tolérant aux maladies.
Les vignerons interrogés estiment peu adaptées à leur région les variétés suivantes : le Centennial car très sensible aux maladies. Plutôt dans des régions moins arrosées. Le Danlas, très sensible au mildiou. L’Italia, variété tardive, sensible au mildiou, ne résiste pas à la concurrence italienne.
Récolte et commercialisation
La récolte est forcément manuelle, avec tri des grappes ou ciselage des baies impropres. En matière de quantité de travail, Arnaud FURET se réfère aux moyennes observées en AOP Moissac, pour un rendement de 10 t/ha. Le temps de récolte est de 200 h/ha en Chasselas, 182 h/ha en Muscat et seulement 125 h/ha pour les variétés Centennial, Ribol, Alphonse Lavallée, Danlas. S’y ajoute le temps nécessaire au tri et au conditionnement : 322 h/ha pour le Chasselas, 267 h/ha pour le Muscat et 200 à 217 h/ha pour les autres variétés. La cueillette du Chasselas est plus lente : 50 kg à l’heure contre 160 kg/h dans d’autres variétés très productives ; et la quantité triée est plus faible aussi : 45 kg/h contre 150 kg de Muscat et 300 kg en Danlas. Quant. au conditionnement, son rendement est de 100 à 150 kg/heure. On voit donc que la récolte, le tri des raisins et le conditionnement mobilisent une grosse quantité de travail. On peut stocker temporairement en chambre froide à 6-8° pendant deux à trois jours, maximum. L’idéal est de vendre directement à la récolte et, pour cela, récolter en plusieurs étapes. La conservation sur pied est la plus intéressante.
Trouver un pépiniériste et des informations utiles
Arnaud FURET diffuse une liste de huit pépiniéristes recensées par le GVA de l’AOC Moissac dans différents vignobles du Sud-est et du Beaujolais.
Liste des variétés inscrites cultivées pour la production de raisins : https://plantgrape.plantnet-project.org/fr/cepages
Domaine La Tapy, 1881 chemin des galères, Hameau de Serres 84200 Carpentras.
Le cours en ligne d’Arnaud FURET sur Agrilearn.fr permet aux agriculteurs et arboriculteurs intéressés de faire le tour de la production de raisin de table bio en abordant tous les aspects de celle-ci, du sol de la parcelle au marché, en nous mettant l’eau à la bouche devant de belles grappes gorgées de jus succulent. Ce cours soulève la plupart des questions à se poser et y apporte des réponses fondées sur l’expérience de notre expert dans divers vignobles, au contact de vignerons eux-mêmes expérimentés. Dans les modules suivants, Arnaud FURET détaille les techniques alternatives en protection du vignoble que nous avons décrites dans un précédent article et qui ont été résumées ci-dessus.
D’après la série de vidéos intitulée " Le raisin de table bio : du choix variétal à la récolte"