De la facture au bilan : maîtrisez les fondamentaux de la comptabilité

On associe souvent les comptables à des matheux…c’est vrai que la manipulation des chiffres au quotidien pourrait laisser penser au rapprochement, mais le comptable, et plus largement la comptabilité, utilise avant tout une méthode de rangement, de classement, pour permettre, dans un second temps, une analyse. En France, cette méthode est issue du Plan Comptable Général, réglementation édictée par le Conseil National de la Comptabilité, autorité des normes comptables. Au sein de l’entreprise, qu’elle soit agricole ou non, les gestes du quotidien du chef d’entreprise génèrent systématiquement des flux qu’il convient de classer, de ranger. Nous verrons, dans les présentations qui suivent, les différentes grandes catégories de flux, qui, une fois triés ou rangés dans 7 tiroirs, numérotés de 1 à 7, nous permettent de présenter 2 documents essentiels en matière de comptabilité et gestion : le Bilan et le Compte de résultat. Ainsi, par le biais de cette norme, les documents comptables de l’entreprise peuvent être lus et interprétés par tous, les chefs d’entreprise en premier lieu, mais aussi, tous les acteurs qui les accompagnent au quotidien : le comptable bien évidement, mais aussi le banquier, le conseiller, etc… Ils permettent également au chef d’entreprise de se situer, grâce à l’étude de groupe, outil de comparaison des entreprises du même secteur d’activité, ou de même production.

Zoom sur le PCG, Plan Comptable Général

texte alternatif A travers les comptes, l’intégralité des flux générés au quotidien par l’activité de l’entreprise doivent être traités. Nous parlons ici du simple achat comme d’une vente, du prélèvement du chef d’entreprise pour faire face à ses besoins personnels comme du prêt versé par la banque dans le cadre d’un achat de matériel, de la Tva reçue de l’administration fiscale, de la constatation des stocks à la clôture de l’exercice, etc.. Bref, quasiment tous les actes quotidiens professionnels sont pris en compte dès lors qu’ils génèreront un document, une facture, une pièce comptable. 7 possibilités s’offrent ensuite à nous pour classer ces différentes pièces comptables : 7 CLASSES sont donc nécessaires, numérotées tout simplement de 1 à 7. Afin d’être plus précis, des subdivisions nous permettent de « sous-classer » les éléments à l’intérieur d’une même classe : exemple dans la classe 4, 401-411-421 – dans la classe 5, 512-530 etc… Ces subdivisions sont appelées des COMPTES (ex : compte 401). Les classes 1 à 5, permettent de construire le BILAN, les classes 6 et 7 le COMPTE DE RESULTAT.

La Classe 1 : Les Comptes de Capitaux

texte alternatif Cette classe transcrit à la fois la richesse « nette » de l’entreprise, à la fois son endettement long terme. Elle est composée du capital social compte 101 (individuel ou sociétaire) : Dans une entreprise individuelle, c’est la somme des apports nets au démarrage de l’activité, augmentée ou diminuée des bénéfices ou pertes réalisées au fur et à mesure des années, diminuée des prélèvements privés du chef d’entreprise. Dans le cas d’une société, ce sont les parts sociales souscrites par les associés en contrepartie de leurs apports. Cette somme n’évolue qu’exceptionnellement au cours de la vie de la société (entrée, sortie d’associé, augmentation ou diminution de capital). Cette classe 1 comporte également le revenu de l’activité : le bénéfice ou la perte de l’exercice (compte 120 ou 129) mais aussi les résultats des années précédentes lorsqu’il a été décidé de les laisser en réserves et de ne pas les distribuer aux associés (compte 106 et 110). Dans le cadre d’une entreprise individuelle, nous trouvons ici également le compte de l’exploitant (compte 108) : sur l’exercice, il permet de quantifier le total des prélèvements réalisés pour les besoins privés ou, à l’inverse, les éventuels apports de fonds effectués. Le total de tous ces comptes forment les Capitaux propres. Viennent ensuite, les dettes à long terme contractées auprès des banques : les emprunts à long et moyen terme (compte 160 et suivant). Ce poste variera en fonction du règlement des annuités des prêts (à la diminution) ou en fonction des nouveaux emprunts souscrits (à la hausse). Plus exceptionnellement, d’autres éléments peuvent venir grossir cette classe 1 : les subventions d’investissements (comptes 130), les provisions réglementées ou pour risques et charges (comptes 140 et 150) Un exemple permettra de mieux situer l’ensemble des ces comptes de la classe 1 : Monsieur Dupont reprend l’exploitation de son ancien employeur qui part à la retraite. Il a choisi de s’installer en entreprise individuelle, et décide de consacrer une partie de ses économies (20000 €) pour lancer son exploitation. Dans un 1er temps, après les démarches de création d’entreprise, il dépose son apport (20000 €) sur le compte bancaire qu’il a ouvert auprès de sa banque. Nous utiliserons alors le compte 101 pour comptabiliser l’apport, la contrepartie allant dans un compte banque que nous verrons plus tard. Monsieur Dupont rachète le cheptel et le matériel de son ancien employeur en souscrivant un emprunt auprès de sa banque pour un montant total de 300 000 € (compte 164 pour le montant encaissé au moment du prêt).
Au cours de l’année, Monsieur Dupont a décidé de s’octroyer un versement mensuel de 1000 € sur son compte personnel, pour satisfaire ses besoins privés (enregistrés dans le compte 108). Au terme de sa 1ère année d’activité, après enregistrement de toutes les opérations liées à son exploitation, son comptable lui annonce un bénéfice de 15 000 € (figurant dans le compte 120).
Comment vont s’articuler les comptes de la classe 1, les comptes de capitaux ? Au moment de la création Compte 101 pour 20 000 € (c’est l’apport) Au moment de l’arrivée des fonds liés à l’emprunt bancaire Compte 164 pour 300 000 € (c’est l’encaissement des fonds, c’est surtout la reconnaissance de la dette vis-à-vis de la banque) Chaque mois, il faut constater le prélèvement privé de M. Dupont Compte 108 pour 1000 € x 12 soit 12 000 € sur l’année Enfin, compte 120 pour le constat du bénéfice de 15 000 €. Les capitaux propres totalisent 23000 € au terme de cette 1ère année d’activité. Parallèlement, les dettes à long terme se situent à 300 000 €. L’année suivante, le total de ces capitaux propres dans le compte de capital (compte 101) pour ensuite repartir sur de nouveaux chiffres. Supposons que M. Dupont prélève toujours 1000 € par mois, que son bénéfice soit cette année de 18 000 €, et qu’il a remboursé 20000 € de son prêt sans en souscrire de nouveaux. Ses comptes de capitaux seront alors les suivants : Compte 101 : 23 000 € (les capitaux propres de l’année précédente) Compte 108 : 12 000 € (en négatif puisqu’il s’agit de prélèvements) Compte 120 : 18 000 € (le bénéfice de cette 2ème année) Compte 164 : 280 000 € (c’est-à-dire le montant du prêt – la part déjà remboursée (20000 €) Les capitaux propres s’établissent à 29 000 €, les dettes à long terme à 280 000 €. Il en sera ainsi pendant toute la durée d’activité de M. Dupont. On retrouve généralement tous les comptes de la classe 1 au Passif du Bilan.

La classe 2 : les immobilisations

texte alternatif On y classe ici, l’outil de travail qui servira à l’activité sur plusieurs années, qu’il soit corporel (palpable), incorporel (intellectuel par exemple) ou financier (en contrepartie d’une somme d’argent). Les comptes en 200 identifient par exemple les droits attachés aux logiciels achetés (compte 205) ou encore au fonds commercial (compte 207) (droit lié à la clientèle d’un commerce). Nous sommes bien ici sur de l’incorporel, difficilement tangible, mais qui correspond bien à quelque chose de réel. Les comptes 210 sont les plus importants puisqu’ils recensent tous les biens détenus pour l’usage de l’activité (terrains, bâtiments, matériels). Attention, on parle ici de biens dont la propriété est bien du ressort de l’entreprise. On ne parle pas des biens loués (terres par exemple, ou encore matériel en leasing). Chez les éleveurs, les comptes 240 comprennent le cheptel reproducteur détenu à lors de l’inventaire de fin d’exercice (on ne parle pas ici des achats mais bien des animaux présents à une date précise). Et oui, c’est bien considéré comme un outil de travail : la vache laitière productrice de lait, la vache allaitante productrice de veaux, etc.. Enfin, les comptes 260 et 270 recensent les dépenses en contrepartie de parts dans d’autres structures (coopératives, Cuma, Etablissements bancaires ou propres filiales). Les comptes 200 à 270 sont alimentés par la valeur totale du bien acheté, valeur qui demeure tant que l’immobilisation est présente sur l’entreprise. Néanmoins, afin de constater l’usure du bien (quand elle est réelle), on procède à un « amortissement » , c’est-à-dire d’une part à la constatation d’une partie du prix d’achat dans les dépenses (dotation aux amortissements compte 681) et à une perte de valeur au niveau de l’immobilisation (compte 280). Petit exemple : J’achète un tracteur 70 000 € et décide de l’utiliser 7 ans. Le compte utilisé pour l’achat du tracteur sera le 215. chaque année le compte 280 sera augmenté de 10000 € (70000/7 ans). La valeur brute restera 70000 € tant que le tracteur est sur la ferme. Par contre, la valeur nette du bien sera de 60 000 € après 1 an d‘utilisation, 50 000 € après 2 ans, etc… La valeur de l’outil de travail (ensemble des comptes de la classe 2) figure à l’actif du Bilan.

La classe 3 : les stocks

texte alternatif Sur nos exploitations, les stocks constatés à la date de clôture sont généralement scindés en plusieurs catégories. On distingue tout d’abord les stocks de matières premières achetées, d’approvisionnements. Je veux parler ici des intrants (tels qu’engrais, semences, produits de traitement), des aliments, lorsqu’ils ne sont pas encore utilisés et qu’ils sont encore dans l’état dans lequel je les ai achetés. Pour résumer, on retrouve toutes les matières premières qui ne sont pas issues de mon exploitation, et qui ne sont pas encore consommés. Elles seront enregistrées dans un compte 300 et suivants 301, 302,... Un peu comparable à cette première catégorie parce qu’elles proviennent aussi de l’extérieur, il s’agit des matières consommables telles que le carburant, l’huile, des emballages. Elles sont comptabilisées dans les comptes 320. Deuxième type de stocks : les stocks de produits issus de l’exploitation Ils différent en fonction de la production. Il peut s’agir de jeunes bovins dans le cas d’un élevage allaitant, de jeunes agneaux destinés à l’engraissement chez un éleveur de moutons, etc.. C’est plus globalement le cheptel non reproducteur chez tous les éleveurs quels qu’ils soient. Ce sont les comptes 310 et suivants qui seront alors utilisés. Troisième type de stocks : les stocks en cours. Il s’agit principalement des avances aux cultures ou encore avances en terre, c’est-à-dire les cultures qui ne sont pas encore récoltées Ces stocks sont évalués au coût de revient en fonction des dépenses engagées. Les compte 340 et suivants permettront d’enregistrer tous les intrants qui ont été nécessaires (engrais, semences, produits de traitement), mais aussi les frais matériels dits « frais de mécanisation » engagés pour les différents travaux de culture. On peut retrouver également des dépenses engagées auprès de prestataires si certains travaux ont été sous traités (semis par exemple). Enfin, quatrième et dernière catégorie de stocks : les stocks de produits, produits par l’exploitation c'est-à-dire récoltés et non encore consommés ou vendus Il s’agit le plus souvent du fourrage, de la paille chez les éleveurs, des céréales conservées chez en polyculture-élevage. On les classe dans les comptes 370. Pour résumer, Les comptes 300, les stocks d’approvisionnements Les comptes 310 , le cheptel non reproducteur Les comptes 320, les stocks de matières consommables Les comptes 340, les avances aux cultures Les comptes 370, les produits issus de l’exploitation. Tous ces comptes ne sont utilisés qu’à l’inventaire, c’est-à-dire à la date de fin d’exercice. Ils ne sont pas là pour totaliser les achats mais bien pour valoriser les quantités encore détenues sur l’exploitation. Ces comptes se situent à l’actif du bilan.

La classe 4 : les comptes de tiers

texte alternatif Cette classe de comptes permet de recenser l’état des sommes dûes et à recevoir auprès des différents fournisseurs et clients de l’entreprise, mais aussi auprès de l’état, des salariés, des organismes sociaux, des associés, etc.. Les montants employés sont généralement toutes taxes comprises, TTC, et considérés comme du court terme. Il ne s’agit pas, par contre, des dettes vis-à-vis des banques qui sont classées dans d’autres classes. En 1er lieu, les dettes fournisseurs utilisent les comptes commençant par 40 (401, 402, etc..). Les clients viennent ensuite dans les compte 41 (411, 412, …). Puis les salariés (comptes 42 et suivants), les caisses sociales (MSA, caisse de retraite, ..) comptes 430, l’état 440, les associés 450. Les comptes commençant par 46, 47, 48, 49, autrement appelés comptes de régularisation, sont des comptes utilisés à la clôture de l’exercice afin de constater des dettes ou créances qui n’ont pas encore donné lieu à une facturation mais dont leur exécution s’est déroulée dans l’exercice. Il y a lieu d’anticiper le constat de la dette ou de la créance, afin d’avoir une image la plus fidèle possible, en attendant la réception des futures pièces comptables définitives (les factures) qui pourrait avoir lieu sur l’exercice suivant. Je vous ai parlé de mouvements avec les associés (comptes 450). Bien qu’interlocuteurs un peu particuliers (et oui, ce sont les détenteurs du capital de la société), la société (parce qu’on ne trouve bien sûr ces comptes que dans les sociétés) peut être en situation de dettes vis-à-vis de ses associés. Elle l’est d’ailleurs le plus souvent ! Alors que le capital, lui, ne varie que très rarement (on l’a vu en étudiant les comptes de la classe 1), les comptes 450, autrement appelés « comptes courants d’associés » sont amenés à évoluer constamment au cours de l’exercice. C’est par cet intermédiaire qu’on pourra identifier la part de bénéfice attribuée à chaque associé (après validation par l’assemblée générale annuelle), mais aussi relever les différents prélèvements effectués pour leurs besoins personnels, ou pourquoi pas, les apports exceptionnels dans le cas où la société aurait besoin de trésorerie par exemple. Illustration Les comptes associés sont alimentés par différents éléments : une part de bénéfice, une éventuelle rémunération pour le travail réalisé par l’associé si celui-ci a le statut d’exploitant, des apports personnels pour alimenter la trésorerie si nécessaire, Ils sont diminués des prélèvements personnels de l’associé, caractérisés par des virements sur son compte bancaire personnel, ou bien le règlement par la société de dépense à caractère privé (le règlement de la facture de réparation de sa chaudière avec le carnet de chèque du GAEC). Bien entendu, il est très très rare que le tout s’équilibre. Il en résultat alors un solde, appelé « solde du compte courant d’associé » qui sera repris au début de l’exercice suivant, et ainsi de suite chaque année. Bien évidement, dans le cas où les prélèvements seraient supérieurs à la somme due à l’associé, le compte devrait négatif, ou « débiteur » ce qui signifierait que l’associé doit de l’argent à sa société. Cette situation est à éviter (elle peut arriver dans le cas d’un début d’activité par exemple) mais toujours est-il qu’elle ne doit être que temporaire et ne doit pas prendre des proportions importantes. Il s’agirait alors d’un « abus de bien social », d’ailleurs sanctionné par les tribunaux dans le cas de société commerciale. S’ils ne doivent pas être négatifs, on entend souvent dire qu’à l’inverse, ces comptes associés ne doivent pas trop « grossir » non plus. En fait, je vous rappelle que nous sommes dans l’examen des comptes de dettes, et avoir d’importants comptes associés, c’est avoir d’importantes dettes, certes auprès des associés, parfois plus tolérants sur le délais de paiement, mais dans tous les cas, c’est une dette qu’il faudra payer un jour. Ce jour c’est souvent au départ de l’associé, en retraite par exemple. Le paiement s’effectue alors par la société composée des associés qui restent, voire de nouveaux associés qui rentrent. La société peut se tourner vers sa banque afin d’obtenir un prêt pour pouvoir rembourser la dette à l’associé sur le départ. La dette devient alors une dette long terme (compte 160 de la classe 1) et la société doit faire face à une nouvelle échéance mensuelle. Soit elle l’a anticipé, et tout se passe bien. Soit elle est devant le fait accompli, et elle doit faire face à cette dépense, au détriment d’autres qui auraient pourtant été plus vitales à ce moment de la vie de la société. Il convient donc de mesurer régulièrement l’état de ces comptes associés en n’oubliant pas qu’il s’agit d’une dette qu’il faudra payer un jour ou l’autre, tout comme bien préparer les départs et entrées d’associés. En matière comptable, l’ensemble des dettes et créances figure au bilan, les créances à l’actif, les dettes au passif.

La classe 5 : les comptes de trésorerie

texte alternatif Sur nos exploitations, le sujet de la trésorerie préoccupe souvent les dirigeants. En fait, la plupart du temps, s’agissant de cultures annuelles, les dépenses sont souvent toutes engagées avant que la récolte ne se fasse, récolte qui ne générera que dans un second temps la rentrée de trésorerie correspondant aux ventes, au chiffre d’affaires. Il y a donc lieu de bien appréhender les différents flux au cours de l’année afin de mettre en place les bons outils avec son partenaire bancaire. Les 1ers comptes de cette classe 5 sont les comptes 50 (501, 502 503 et suivants) Ils permettent d’identifier les placements, c’est-à-dire l’argent qu’on ne souhaite pas utiliser dans l’immédiat et qu’on épargne. Les placements peuvent être à court terme ou à long terme, mais la plupart du temps, sur nos exploitations, ils sont réalisés à court terme, quand ils sont réalisés ! Pour les raisons que je vous expliquais en introduction, compte tenu du caractère annuel des cultures, il est rare d’avoir un excédent de trésorerie sur nos exploitations mais plutôt l’inverse.

Les comptes 51 (comptes 512 le plus souvent) n’est autre que le compte bancaire de l’exploitation. Il relève les différents mouvements tels qu’ils apparaissent le relevé adressé par la banque. Ce compte peut être positif (vous avez de l’argent sur votre compte), mais aussi négatif (vous êtes à découvert, la banque vous autorise à continuer à dépenser alors que vous n’avez plus d’argent sur votre compte). C’est un accord que vous avez conclu au préalable avec votre banquier dans une certaine limite (un plafond de découvert autorisé). Ce n’est pas signe de bonne santé, mais toujours pour les mêmes raisons, c’est un découvert qui peut être temporaire, en attendant de futures rentrées d’argent. Dans le même ordre d’idée, les comptes 53 (530 le plus souvent) liste les flux de trésorerie en espèces, au sein de la caisse. Ce compte est utilisé lors de vente aux particuliers, en raison des faibles montants des transactions.

Il se peut qu’à certains moments la trésorerie manque pour faire fonctionner les opérations courantes de l’exploitation (je ne veux pas parler ici des dépenses exceptionnelles telles que des achats de matériel qui peuvent être financées par des prêts à moyen ou long terme). Plaçons-nous dans le cas où l’argent sur mon compte ne me permet pas de régler la facture d’engrais de la coopérative. La banque peut alors m’avancer l’argent par le biais d’un prêt court terme, en attendant que ma culture, une fois récoltée et livrée, me soit payée par la coopérative. Cette avance de fonds sera alors enregistrée dans le compte 519 (prêt court terme). On retrouve dans ce compte, les crédits de campagne, les avances de TVA, les avances de subventions, ou tout autre prêt consenti par la banque qui trouve son échéance dans un délai de 12 mois maximum. Enfin, le compte 58, compte de virements internes permet d’enregistrer les mouvements entre plusieurs comptes bancaires (dans le cas bien entendu où l’exploitation en utilise plusieurs) Les comptes de trésorerie sont placés au bilan, au passif s’il s’agit d’une somme dûe à la banque (prêt ou découvert), à l’actif s’il s’agit d’une somme possédée (solde de banque positif ou placement).

La classe 6 : Les charges

texte alternatif Avec les comptes de la classe 6, nous entrons dans le cœur du quotidien. Ces comptes, permettent de calculer le résultat de l’activité. Ils figurent donc au « compte de résultat ». Ils traduisent l’activité par le coté des dépenses, qu’elles soient courantes (comptes 60 à 65), financières (comptes 66) ou plus exceptionnelles (comptes 67). Tout d’abord, voyons les charges ou dépenses courantes Dans un 1er temps, nous allons distinguer les achats stockables (comptes 601 et 602). Voici quelques exemples qui permettent de bien illustrer cette catégorie : On parle ici des achats d’intrans tels que engrais, semences, produits phytosanitaires, aliments, médicaments, ….bref, tout le nécessaire considéré comme matières premières, va être classé dans ce compte 601. Les matières plutôt considérées comme « consommables » telles que les carburants (le gasoil des tracteurs par exemple), les produits d’entretien, eux, vont être classés dans le compte 602. Dans le même temps, étant considérés comme stockables, il conviendra de constater la variation de ces produits dans le stock : on utilisera alors un compte 603. Arrêtons-nous quelques instants sur cette notion de stock. Le compte de résultat traduit l’activité et donc identifie les dépenses au service de celle-ci. Or, il se peut que des dépenses pourtant effectuées au cours de l’exercice ne servent que l’année suivante (des achats d’aliments réalisés le 30 décembre qui ne serviront qu’en janvier). Le compte de variation de stocks permet alors de rattacher au bon exercice la consommation effectif de ces achats. Reprenons notre déroulé avec le compte 604 : Par exception, le Plan comptable générale agricole classe ici les achats d’animaux. Pourtant considéré comme achat non stockable par les autres plans comptables, la racine 604, en agriculture, permet d’enregistrer tous les achats d’animaux : bovins (taureau par exemple), les moutons, les chevaux, mais aussi les poussins en aviculture, les essaims d’abeilles en apiculture, etc… Autre exception, ces animaux, s’ils sont toujours présents à la clôture de l’exercice, généreront une variation de stocks qu’on ne traitera pas dans la classe 6 (on aurait pu utiliser le compte 603), mais dans la classe 7 (compte 713). Dans la suite des comptes, on retrouve toutes les dépenses non stockables, à commencer par les achats de services (comptes 605). C’est l’exemple de l’entreprise de travaux agricoles (ETA) à qui je vais demander de faire les moissons sur ma ferme. Les achats non stockés sont placés en 606 : on retrouve les dépenses d’energie (carburant pour les véhicules de la ferme autre que les tracteurs, l’électricité, le gaz) mais aussi les achats de petits équipements (la brouette, une perceuse, une echelle) bref, des achats qui serviront certes sur plusieurs années, mais parce qu’ils sont d’une valeur inférieure à 500 €, ils sont considérés comme dépenses immédiates. Ensuite, le compte 607, est très peu utilisé sur nos exploitations, puisqu’il comptabilise les achats de marchandises, c’est-à-dire des biens que j’achète en l’état, qui seront revendus dans le même état. Si j’opère ainsi, je réalise une opération strictement commerciale (au sens juridique du terme), opération plutôt rarement visible sur nos fermes. Enfin, dernier compte de la catégorie des Achats, le compte 609 identifie tous les rabais, remises, ristournes que mes fournisseurs de produits achetés ont pu octroyer lors de mes achats. Alors que tous les comptes de la classe 6 sont débiteurs, celui-ci fonctionne à l’inverse et se retrouve toujours créditeur. Les autres charges dites « externes » sont classées en comptes 61 et 62 Le crédit bail est rangé en 612 Les locations en 613 (location de matériel mais aussi de terrain (fermage par exemple)) Les frais d’entretien courant sont placés en 615 (la réparation du matériel) les assurances en 616, les études en 617, et la documentation en 618. Enfin, comme pour les achats de produits, les remises octroyées par les fournisseurs de ces services sont rangées dans le compte 619. Le recours à un prestataire est distingué à travers les comptes 62 621 pour le personnel extérieur à l’exploitation (intérimaire par exemple) 622 pour les différents honoraires (comptables, courtiers, agents) 623 pour les dépenses de publicité 624 pour les frais de transports (sur achats, sur ventes) 625 pour les différents frais de déplacement (voyages, billet de train, péage autoroute) 626 pour les frais postaux et télécommunication (votre facture de téléphone) 627 pour les frais bancaires (on parle ici de frais d’abonnement, des frais mensuels facturés par votre banque) 628 pour les cotisations (cotisations auprès d’un organisme professionnel par exemple) et 629, pour les remises, rabais et ristournes de cette catégorie

Les impôts et taxes ne sont pas non plus oubliés, même si, sur une exploitation agricole, ce n’est pas le poste le plus important (on parle ici des seuls impôts et taxes liés à l’activité et non pas aux impôts dûs par l’exploitant à titre personnel) ce sont les comptes en 630 et suivants qui sont utilisés pour ranger les taxes foncières des terres en propriété par exemple, ou encore les taxes spécifiques attachés aux produits de l’exploitation (droit de circulation pour le vin par exemple) Tous les frais liés au personnel seront classés dans les comptes 64 : les salaires bruts en 641, les charges sociales (MSA, caisse de retraite) en 645 Les comptes 65 sont peu utilisés sur nos exploitations, hormis le compte 658 charges diverses de gestion courante qui nous permet d’enregistrer les différences de règlement par exemple. Les comptes 66 sont le reflet du coût de la trésorerie et de l’argent emprunté. on retrouve les intérêts des emprunts, à CT, à MT, à LT, les agios si notre compte bancaire s’est retrouvé à découvert, les agios pour paiement tardif qu’un fournisseur nous a facturé en plus. Les comptes 67 traitent les charges non courantes, dites exceptionnelles. De par leur nature, elles ne doivent pas être répétées (ce sont les amendes et pénalités). Le plus souvent, on retrouve ici la valeur des éléments d’actif cédés, c’est-à-dire lorsque des immobilisations sont sorties de l’exploitation (par vente ou mise au rebut), c’est la différence entre la valeur d’achat (enregistrée en classe 21) et les amortissements (enregistrés en 28). Si on illustre ça par un exemple : supposons un tracteur acheté 70 000 € et amorti sur 7 ans, soit 10000 € par an. Si au terme de la 3ème année, je cède mon tracteur, la valeur nette comptable est égale à 70000 – 3 x 10000, soit 40000 €.

Pour finir sur ces comptes de charges, les comptes 68 identifient l’amortissement annuel des immobilisations (dans notre précédent exemple, ce serait les 10 000 € d’amortissement du tracteur calculé chaque année). Cet amortissement est sensé représenté l’usure de notre matériel, de notre bien. Il ne correspond à aucune sortie de trésorerie : c’est une charge dite « calculée ». Cet amortissement est calculé une fois par an, à la clôture de l’exercice. Nous en avons terminé avec le détail des charges qui, comme vous pouvez le remarquer est assez affiné, ce qui permet d’en analyser les variations d’une année sur l’autre, pour en tirer les axes d’amélioration une fois l’explication trouvée. Bien évidemment, les sommes employées dans ces comptes sont des sommes HT. Bien que décaissée lors du règlement des factures, la TVA n’est pas une dépense pour l’entreprise, l’état procédant au remboursement ultérieurement.

La classe 7 : Les produits

texte alternatif Avec les comptes de la classe 7, nous terminons ce tour d’horizon des différents « tiroirs » de rangements des opérations comptables. Cette classe 7, synonyme d’encaissements, de recettes, de rentrées, s’intitule « classe de produits », ce qui signifie tout simplement, qu’elle va être la conséquence de l’activité même de l’exploitation : la Production. Tout exploitant agricole exerce son activité dans l’objectif de « produire » un vétégal, un animal, etc. Cette classe permet de déterminer aux cotés des charges, le résultat de l’exploitation à travers le compte de résultat. Les premiers comptes, de loin les plus essentiels, sont les comptes 70, qui permettent de comptabiliser les ventes. Et oui, il ne suffit pas de produire, encore faut-il vendre ! Les végétaux seront affectés au compte 701. On parle ici de vente de céréales (blé, maïs) mais aussi de vente de foin, de paille, évidemment produits sur la ferme. On retrouve ici également les ventes de raisins chez les viticulteurs. Ce sont des produits généralement bruts. Les produits dits résiduels apparaissent dans le compte 702 : on trouve le miel, les œufs, le lait Contrairement aux précédents, le compte 703 identifiera les ventes de produits ayant subi un traitement. On peut parler par exemple des vins vendus en bouteilles chez les viticulteurs, qui comprend le vin bien entendu, mais également la bouteille, le bouchon, l’étiquette, le carton… Les ventes d’animaux, quels qu’ils soient, trouveront leur place dans le compte 704. Ainsi, les bovins qu’ils soient jeunes ou déjà âgés, maigres ou gras, issue du cheptel reproducteur ou non, mais aussi les volailles, ou tout autre animal de la ferme. Sur cette ferme, il se peut que le chef d’exploitation soit amené à effectuer de la prestation (ensilage chez un collègue, des labours ou encore une moisson), cette facturation sera enregistrée dans le compte 706. Bien que considérée comme une activité dite « commerciale », elle peut être réalisée par un agriculteur, mais sous certaines conditions, qui peuvent différer selon la structure d’exploitation (exploitation individuelle ou société), tant au sens fiscal que réglementaire. Avant de se lancer, mieux vaut se renseigner. Les conséquences peuvent être lourdes. Dans le même sens, l’exploitant peut acheter et vendre en l’état, des marchandises. Le compte 707 sera alors utilisé. Cette activité, assez rare sur nos exploitations, a un caractère commercial, et comme précédemment, est soumise aux mêmes conditions. Enfin, le compte 708 identifie les produits des activités annexes : on peut retrouver ici par exemple la refacturation des frais de port aux clients. Comme du coté des charges, des remises, rabais ou ristournes peuvent être octroyés lors d’une vente. C’est le compte 709 qui concentrera ces opérations, bien évidemment, dans le sens contraire des ventes, s’agissant d’une réduction du prix de vente, et donc des produits. Le total des comptes 70 détermine le Chiffre d’Affaires de l’exploitation, chiffre référence en matière de gestion d’entreprise, agricole ou non. Nous en avons terminé avec les comptes de ventes. Néanmoins, il est possible d’avoir produit, mais pour certaines raisons, la vente ne peut se réaliser. J’ai fait naître tous mes veaux, ils pourraient être vendus mais je fais le choix de les engraisser avant de les vendre, voire, pourquoi pas, de les conserver afin d’en faire du cheptel reproducteur (mes futures vaches mères). Je dois néanmoins constater la production (donc faire figurer cet état d’avancement dans les produits). J’utilise alors les comptes de variations de stocks, comptes débutant par 710. On retrouvera tous les stocks de produits finis (mon vin en stock, mon blé, mon foin) mais aussi toute ma production en cours (mon blé en terre par exemple qui sera estimé au coût engagé (intrans, frais de mécanisation, main d’œuvre éventuelle). On retrouvera dans ces comptes 710 et suivants, la variation de stocks (c’est à dire la différence entre mon stock début d’exercice et fin d’exercice). Cette variation de stocks concernent tous les animaux (bovins, ovins, volailles, équins, etc) présents à la date de clôture. Nous le verrons dans un autre chapitre, mais cette variation de stocks permet de mesurer le niveau de production qui n’a pas été vendue. Elle génère donc un produit, donc du résultat, mais sans pour autant de trésorerie. Autres comptes, non sans importance sur notre ferme, c’est les comptes 740 et suivants. Ils regroupent toutes les aides et subventions, vitales pour nos exploitations d’élevage et céréalières, avec la PAC. D’autres activités peuvent également bénéficier d’aides mais dans de moindres proportions. Attention, nous ne parlons pas ici de subvention perçue dans le cadre d’investissement, qui elles, seront traitées par ailleurs. Les comptes 75 sont très peu utilisés, hormis le compte 758 qui permet de loger les produits divers de gestion (différence de règlement en ma faveur par exemple) Viennent ensuite les comptes 76, peu utiles sur nos exploitations, puisqu’ils recensent les produits financiers, c’est-à-dire les intérêts perçus suite à des placements. Cela peut, bien évidemment arriver, mais pour des montants peu élevés de nos jours. Enfin, la catégorie des produits exceptionnels, compte 770 et suivants. 2 comptes sont généralement utilisés : le compte 775 dédié aux ventes d’éléments d’actif (ventes de matériel le plus souvent) et le compte 777 permettant le constat d’une subvention d’investissement sur la période d’utilisation du matériel en question. Citons l’exemple d’un matériel acheté 20000 € que l’on va amortir sur 5 ans. Supposons que celui-ci a bénéficié d’une aide de l’état de 5000 € lors de l’achat. Plutôt que constater 5000 € de recettes en 1 fois, nous faisons le choix d’étaler cette recette sur la durée d’amortissement soit 5 ans, soit 1000 € par an, que l’on enregistrera dans le compte 777 chaque année pendant 5 ans. Nous avons terminé avec le balayage des principaux comptes de la classe 7. Il est sans doute utile de préciser que, comme du coté des charges, les sommes inscrites dans ces comptes sont des sommes HT, la TVA n’étant pas une recette de l’exploitation, malgré sa rentrée en trésorerie.

Le Bilan

texte alternatif Comme nous l’avons évoqué précédemment, les 2 outils indispensables généralement employés en matière comptable sont le bilan et le compte de résultat. Tout d’abord, examinons ensemble le BILAN Je vous ai dit qu’il donne une image économique de l’exploitation. S’il donne une image, c’est qu’on peut le comparer à une photo. Une photo est prise à un moment donné, à un instant T. Pour le bilan, c’est pareil. Il nous donne une photo de l’entreprise, ou plutôt de ses comptes, de sa situation, à un moment donné, généralement la date de clôture de l’exercice. Cette photo est celle du patrimoine professionnel de l’entreprise. Et comme pour le patrimoine personnel d’un individu, nous allons retrouver tout ce que possède l’exploitation mais aussi tout ce qu’elle doit. Ce qu’elle possède s’inscrira à l’ACTIF, ce qu’elle doit au PASSIF. L’actif peut être divisé en 2 : nous retrouvons dans un premier temps l’actif immobilisé, c’est-à-dire l’outil de travail. Figurent ici tous les éléments qui serviront à l’exploitant pour produire : les terres dont il est propriétaire, ses bâtiments, son matériel, et pour les éleveurs, le cheptel reproducteur. Ce sont tous les comptes de la classe 2. Toujours à l’actif, nous retrouvons l’actif circulant, c’est-à-dire le fruit de son travail : les stocks (le cheptel non reproducteur, le fourrage produit, les céréales stockées sur la ferme, les récoltes en cours de production) L’actif circulant est également composé des créances, c’est-à-dire des sommes que l’entreprise attend d’un tiers (par exemple, des ventes non encore encaissées, un crédit de tva qui va lui être remboursé par l’Etat) Enfin, toujours au sein de l’actif circulant, nous allons retrouver les disponibilités, c’est-à-dire l’argent disponible dont dispose l’entreprise (sur son compte banque, ou dans sa caisse) L’actif circulant réunit les comptes de la classe 3 ainsi que tous les comptes débiteurs des classes 4 et 5 Voyons maintenant ce qui correspond au passif : Le passif traduit ce que l’entreprise doit à des tiers : Tout d’abord apparaissent les dettes à long et moyen terme (généralement des prêts bancaires lors d’achat de matériel par exemple). Figurent ensuite les dettes financières à court terme : des prêts bancaires qui seront remboursés dans un délai court, inférieur à 12 mois (ce sont notamment les prêts CT tva, prêt de campagne, avance de subventions) Parmi ces dettes financières à court terme, figure également le découvert bancaire. Et oui, c’est bien de l’argent que la banque prête. Ensuite, nous retrouvons, parmi ces dettes, des dettes auprès de tiers habituels = les fournisseurs, les caisses sociales, les salariés, l’Etat si je suis en tva à payer. Enfin, et seulement dans le cadre d’une société, nous retrouvons les dettes envers les associés, c'est-à-dire des sommes que ceux-ci ont choisi de laisser à la société, mais qui seront bien à régler un jour : les fameux Comptes courants d’associés. L’actif et le passif sont toujours équivalents. Ainsi, pour équilibrer le bilan, il est nécessaire de faire apparaitre ce qu’on appelle les capitaux propres, formés du capital social de la société, dans un cas sociétaire, ou du capital individuel si l’entrepreneur est seul, on y ajoute enfin, le résultat de l’exercice (bénéfice ou perte). Le bilan est alimenté par les comptes créditeurs des classes 1, 4 et 5. Cet instrument de pilotage qu’est le bilan, destiné en premier lieu au chef d’entreprise, est également utilisé par les partenaires financiers, les banques, pour mesurer la structure du patrimoine de l’entreprise.

Etre performant en gagnant de l’argent c’est une chose, l’utiliser correctement en est une autre. Pour faire une comparaison avec un individu, ce n’est pas parce qu’il est très bien payé qu’il a un énorme patrimoine. Il peut faire le choix de dépenser son argent autrement… Et bien, si un exploitant choisit de dépenser les gains professionnels à titre personnel, le bilan de son exploitation et en particulier ses capitaux propres seront réduits, alors que s’il choisit de les réinvestir dans sa ferme, le patrimoine professionnel, c’est-à-dire le total de l’actif, sera plus important, tout comme ses capitaux propres.

Le compte de résultat à travers les SIG

texte alternatif Nous avons vu les différentes classes de comptes qui couvraient l’ensemble des opérations de l’entreprise, de l’exploitation agricole. Si les comptes des classes 1 à 5 permettent la construction du Bilan, les comptes 6 et 7 forment la base du compte de résultat, outil de calcul du résultat de l’activité, bénéfice ou déficit. Issus de ce compte de résultat, différents ratios ou indicateurs nous permettent d’affiner notre analyse économique de l’entreprise, soit en surveillant leur évolution dans le temps, soit en les comparant avec les entreprises du même secteur. En agriculture, grâce notamment aux centres comptables spécialisés, le secteur est découpé en de multiples groupes, rendant plus fine la comparaison inter-exploitations : c’est l’analyse de groupe. Ainsi, les chiffres d’un éleveur laitier pourront être comparés à ceux de ses collègues laitiers possédant un cheptel quasi identique, sur un même secteur géographique, sur une surface d’exploitation proche de la sienne. La plupart de ces indicateurs sont appelés Soldes Intermédiaires de Gestion ou S I G. Ils sont calculés méthodiquement en partant du « haut » du compte de résultat pour aller jusqu’au résultat de l’exercice. Le premier de ces indicateurs est la MARGE BRUTE. Celle-ci est composée des ventes et des variations de stocks de produits (finis, ou en cours) diminués des achats de matières premières et variation de stocks de ces matières, les charges dites « opérationnelles » ou « approvisionnements » Elle traduit la production, vendue et stockée, moins le coût des 1ères matières engagées. nos comptes 70 et 71, moins les comptes 60 C’est un 1er indicateur mesurant l’efficacité de l’exploitation, encore bien loin de la rentabilité. Le second solde intermédiaire de gestion est la Valeur Ajoutée. Déjà plus précis, elle est le résultat de cette marge brute, auquel on va soustraire toutes les dépenses en provenance des tiers (nos comptes 61 et 62), autrement appelées « charges de structure » Cette Valeur Ajoutée est un indicateur plutôt utilisé en matière commerciale et non pas en agriculture car il ne tient pas compte des compléments de Chiffre d’affaires tels que les subventions PAC, rentrées importantes du côté des recettes. Vient ensuite le plus important des instruments de référence = l’Excédent Brut d’Exploitation, ou EBE On l’obtient en rajoutant à la Valeur Ajoutée, toutes les aides et subventions (comptes 74) et en déduisant les impôts et taxes (compte 630), et surtout la main d’œuvre de l’exploitation, qu’elle soit salariée ou exploitante (tous les comptes 640 et suivants). Avec l’EBE, nous obtenons la richesse créée par l’activité, sur une période donnée. Attention, l’EBE peut être excellent une année, et est catastrophique l’année suivante. Et oui, je vous rappelle que le facteur météo intervient souvent dans la rentabilité des exploitations. Cet excédent, car il s’agit bien d’un excédent, d’un surplus, (donc de préférence positif), et bien cet Excédent est destiné à satisfaire les besoins du capital et du travail, en respectant 3 conditions de temps : le passé, le présent, et le futur. Par le passé, j’ai sollicité la banque pour réaliser des emprunts. Cet indicateur doit être suffisant pour permettre le remboursement de mes échéances. Le présent : l’excédent dégagé doit permettre à l’exploitant de vivre de son métier. Ce sont les prélèvements privés. Enfin, l’E B E doit être suffisant pour envisager le futur, à travers le renouvellement de l’outil de travail, les investissements et en particulier l’autofinancement, mais assurer une marge de sécurité au niveau de la trésorerie, pour éviter de prendre de plein fouet un aléa quelconque sur l’exploitation (casse matériel importante, aléas climatiques, épidémie sur le cheptel, etc…) On a pour habitude de considérer qu’un EBE représentant 40/45% des produits est un bon ratio. Le solde intermédiaire suivant est le résultat d’exploitation, à ne pas confondre avec le résultat de l’exercice ou définitif. Le résultat d’exploitation prend en considération uniquement l’activité normale de l’année. Il est donc calculé en partant de l’EBE, en y ajoutant les produits divers (comptes 65), et en y retirant les charges diverses (comptes 65), et les amortissements (comptes 68). Le résultat d’exploitation n’est plus lié à la trésorerie, contrairement à l’EBE, puisqu’interviennent des charges dites « calculées », les amortissements. Ensuite, après incorporation des produits financiers (comptes 76) et charges financières (comptes 66), c’est le résultat courant avant impôts qui apparait. Il mesure ce qu’il reste de l’activité courante de l’année, en tenant compte du coût financier du fonctionnement. Après y avoir rajouter les produits et charges exceptionnels (comptes 77 et 67), on obtient enfin le résultat de l’exercice, ou résultat net : le bénéfice ou déficit, celui d’ailleurs qui figurera en bas du compte de résultat. Comme vous pouvez l‘imaginer ce résultat définitif peut cacher la réalité de l’activité : je m’explique. Supposons qu’au cours de l’exercice vous ayez vendu une moissonneuse batteuse, âgée de plus de 7 ans, et donc complétement amortie. La valeur nette comptable est donc égale à 0 au compte 675. Imaginons un prix de vente de 30000 € (compte 775). Le résultat de l’exercice sera gonflé de 30 000 €. Si à la finale, globalement, ce résultat est tout juste de 20000 €, cela signifie que l’activité aura généré des pertes (10000 € dans mon exemple) alors que le bénéfice final laisse penser le contraire. C’est bien à travers la succession de ces soldes intermédiaires de gestion que l’analyse pourra être la plus précise. C’est d’ailleurs par ce biais que votre banquier va analyser votre capacité à emprunter.

Conclusion

Nous avons balayé dans le détail les différents tiroirs de rangement, ces fameuses classes de comptes Ces opérations de « rangement » sont habituellement menées par le prestataire comptable, parce que, comme pour d’autres tâches de l’exploitation, l’agriculteur ne peut être partout. Néanmoins, avoir une connaissance de ces comptes permet de comprendre plus facilement les propos de votre comptable lors de la remise annuelle des comptes, ou encore monter ensemble un budget prévisionnel. Tous les comptes n’ont pas été étudiés ici (car moins voire non utilisés sur nos exploitations). En maitrisant ce sujet, vous possédez des bases qui vous permettront de bénéficier d’une longueur d’avance sur le pilotage de votre exploitation.