Connaître et utiliser les plantes en phytothérapie
Les plantes n’ont pas toujours bonne réputation. Leurs vertus mais aussi leurs dangers étaient déjà connus dans l’Antiquité. Le sage Sénèque a été contraint par Néron de boire la cigüe et nombre d’« empoisonneuses » ont usé des plantes au cours des siècles. On rapporte[1] qu’au 16ème siècle, les victimes de l’Inquisition chargée de définir les critères de la « vraie Foi » furent le plus souvent des femmes qui étaient bien intégrées dans la société rurale mais jalousées en raison de leur bonne connaissance des plantes. Les « coupeuses de secrets » – qu’on appelait en patois lorrain les « genèches » – furent accusées de pratiques démoniaques parce qu’elles savaient repérer les bonnes herbes et dire les prières adéquates. Elles furent fréquemment dénoncées par vengeance ou par cupidité.
Depuis lors, les connaissances se sont étendues et précisées, les principes actifs ont été isolés, qui entrent dans la composition de très nombreux médicaments. En revanche, la mise à disposition et la facilité d’utilisation des médicaments produits par l’industrie a fait perdre au grand public et même à la majorité des agriculteurs la connaissance ancestrale des plantes qui nous entourent. Pourtant celles-ci recèlent bien des vertus que nous aurions intérêt à nous réapproprier. Pour cela, il faut souvent faire face à l’influence des lobbys qui freine la diffusion des connaissances sur les plantes médicinales (ou officinales).
Agrilearn, dans son projet fondateur d’apprendre et pratiquer l’agriculture autrement, entend bien contribuer à réhabiliter la connaissance des plantes. Florence Lardet, herbaliste, dans une série de vidéos riche d’enseignement, présente 12 plantes toutes simples qu’il faut avoir dans son jardin. Elle nous explique les effets de chacune sur les appareils digestif et respiratoire, les articulations, l’énergie vitale et le système nerveux. Qui se doute aujourd’hui, en passant sous un frêne, l’un des arbres les plus fréquents dans nos bois et nos haies, que son feuillage a été utilisé pendant des générations pour « faire des centenaires » et qu’il peut être avantageusement distribué aux animaux ? Florence énonce les bienfaits du frêne sur les articulations et le système urinaire et rappelle sa richesse en minéraux. De même, elle nous familiarise avec les vertus du thym, de la sauge, de l’ortie (qui l’eut cru ?), du pissenlit, de la prêle, du millepertuis, bref, d’une douzaine de plantes communes auxquelles nous ne prêtons plus attention.
Les reconnaître et les cultiver, c’est bien ; encore faut-il savoir quels organes de la plante utiliser et savoir aussi les préparer, les conserver et les administrer aux animaux, à titre préventif pour les maintenir en bonne santé et curatif pour les soigner !
La phytothérapie ne s’oppose pas à l’allopathie mais elle vient souvent la compléter grâce à la multiplicité des principes actifs contenus dans une plante. Florence nous explique comment préparer les plantes sous forme sèche ou en alcoolature ou en macérat huileux, en sirop, en crème ou en pommade.
Contrairement aux préjugés qui ont la vie dure, il ne s’agit pas de remèdes de bonne femme mais d’une science et de techniques éprouvées comme l’atteste le docteur Gilles Grosmond, vétérinaire, dont le passionnant exposé paru en vidéo, très fouillé, témoigne de plusieurs dizaines d’années de recherches et de rigueur scientifique.
Retenons que l’usage des plantes n’est pas anodin ; il s’agit d’une connaissance à développer et d’usages à pratiquer avec précaution pour éviter les effets nocifs, et valoriser les multiples vertus dont la nature a doté les plantes qui, pour beaucoup, poussent à notre porte.
[1] Gérard Noirel : Une histoire populaire de la France, De la guerre de Cent Ans à nos jours, p 98, éditions Angone 2018.