Résumé de la formation
S’il y a une chose qui saute aux yeux et aux oreilles à propos de la physiologie des animaux domestiques, c’est que Florence LARDET connaît le sujet et l’expose avec précision et clarté sans jamais nous ennuyer par des détails superflus. Ceux ou celles qui découvrent la matière vont apprendre dans son cours en vidéo tout ce dont ils ont besoin. Quant aux autres, qui ont fait des études agricoles, ils auront plaisir à se rappeler des notions qui ont pu, avec le temps, devenir un peu floues dans leur mémoire. Où rencontrer notre pédagogue ? : dans un cours en ligne sur la plateforme agrilearn.fr. En outre, pour suivre ses exposés et se les remémorer, on peut avantageusement ouvrir aussi le livre magnifiquement illustré qu’elle a cosigné : Planches d’anatomie des principaux animaux d’élevage.
Pourquoi s’intéresser à cette matière de base de la zootechnie ? Eh bien tout simplement parce que c’est la base des pratiques de l’éleveur de vaches, moutons, chèvres, porcs, chevaux, lapins, volailles. Florence LARDET aborde tous ces animaux en nous expliquant comment ils digèrent, se reproduisent et se développent, ainsi que les pratiques de l’éleveur.
Alimenter les ruminants
Nourrir correctement les animaux est une fonction essentielle de l’éleveur, facteur de la santé et de la productivité du cheptel. Attirons l’attention des éleveurs sur l’utilité des analyses de fourrages car leur valeur peut varier du simple au triple d’une année à l’autre. Et d’abord il faut prélever correctement les échantillons à envoyer au laboratoire, pour qu’ils soient représentatifs du stock. Quand l’éleveur achète des aliments du commerce, l’étiquette le renseigne sur leur composition ; il est donc important de la lire et la comprendre, et, pour cela, de connaître les particularité des différents composants. À ce propos Florence LARDET nous donne des indications précieuses sur la digestibilité comparée des aliments concentrés chez les ruminants, l’orge étant la plus adaptée, le blé le plus rapidement dégradé et le maïs, le plus lent. Elle explique pourquoi les céréales doivent être concassées ou aplaties.
Le rumen : cuve de fermentation
Rappelons le rôle absolument essentiel des microorganismes du rumen dans la digestion des ruminants. Ils produisent des enzymes indispensables à la dégradation des aliments et réalisent des synthèses, notamment de protéines, en se nourrissant du jus du rumen. Le nombre et la répartition des différentes catégories de bactéries, de protozoaires et champignons est un équilibre sensible à la nature des aliments, à l’ordre d’ingestion et au pH qui ne doit pas descendre en-dessous de 6. L’excès d’amidon dans une ration insuffisamment riche en fibres entraîne un risque d’acidose aux conséquences fâcheuses sur l’intégrité de la paroi du rumen, notamment les papilles, la santé et les performances des animaux. C’est l’épée de Damoclès qui menace les troupeaux à haut potentiel. L’excès d’azote soluble (le pois, notamment, est riche en azote soluble) provoque une production d’ammoniac qui passe dans le sang et se transforme en urée dans le foie, entraînant une perte de matière azotée. Le trèfle violet et surtout la luzerne ont un effet positif sur la digestion.
Limiter les risques d’acidose
Le foin doit être distribué en tête de ration pour former un tapis fibreux à la surface de la phase liquide du rumen, retenant ainsi les autres aliments qui seront mieux digérés que ceux qui tombent directement au fond de la panse. Encore un effet positif pour limiter l’acidose. L’ensilage de maïs produit de l’alcool au cours de sa dégradation, toxique pour le foie. Florence LARDET rappelle l’importance de la transition alimentaire entre chaque régime, non pas une mais plusieurs semaines, pour laisser aux microorganismes du rumen le temps de s’adapter, car à chaque régime correspond une population microbienne particulière. Notre pédagogue invite l’éleveur à respecter le rythme alimentaire des ruminants en distribuant, chaque jour d’étable, deux rations identiques, matin et soir. S’ensuit une période de rumination durant laquelle l’ensemble du troupeau est couché et rumine paisiblement, signe de bonne santé. Quant aux émissions de méthane, différentes formules sont testées pour les diminuer, sans oublier que les vaches pâturent de l’herbe, entretiennent le paysage et que la prairie est un puits de CO2. Le problème n’est pas tant la vache que la façon dont on la nourrit (maïs-soja).
La plus noble conquête de l’Homme
Autre herbivore, le cheval digère, lui aussi, la cellulose mais dans un fonctionnement différent de l’appareil digestif. S’il ne rumine pas, la mastication des aliments doit toutefois être suffisamment intense pour éviter le blocage œsophagien car l’œsophage est étroit. Son estomac, de petite taille, se vidange plusieurs fois au cours de l’ingestion dont, seule, la dernière partie est bien digérée. C’est pourquoi, il faut prévoir trois repas par jour au minimum. La digestion microbienne se concentre dans le cæcum et le colon. Si la vache rote, la plus noble conquête de l’Homme pète !
Quant au lapin, herbivore lui aussi, son tube digestif ressemble à celui du cheval en modèle réduit mais son fonctionnement présente une particularité qui surprend les néophytes : la cæcotrophie. Durant la nuit, au calme, le lapin prélève à l’anus des grappes de crottes molles ou cæcotrophes qu’il ingère pour une seconde digestion. C’est dire si elle est efficace, la digestion du lapin !
Volailles et porcs
À l’inverse, les volailles ont un rendement alimentaire plus médiocre avec un appareil digestif assez différent des mammifères tandis que le porc est doté d’un appareil digestif très proche de celui de l’humain lui permettant, comme nous, de manger des produits très diversifiés. Dans la réalité des élevages actuels, ces animaux consomment essentiellement des aliments élaborés par l’industrie, selon des formules adaptées à chaque âge et chaque production. Pourtant, les uns et les autres pourraient valoriser l’herbe pour une part de leur ration comme le pratiquent certains éleveurs.
Une bonne digestion pour une bonne santé
En résumé, tous les animaux domestiques associent plusieurs formes de digestion : mécanique, enzymatique et microbienne. À chaque constituant alimentaire correspond une enzyme spécifique qui contribue à sa dégradation dans le tube digestif, en plusieurs étapes, jusqu’au stade élémentaire du nutriment, molécule de petite taille apte à franchir la paroi de l’intestin (et la paroi du l’estomac des ruminants) pour gagner le système sanguin. Les importantes populations microbiennes anaérobies, alliées indispensables, ont un rôle fondamental dans la dégradation des aliments et les synthèses protéiques ; leur vie, leur développement et leur intense activité supposent des conditions favorables. Il appartient à l’éleveur de créer et maintenir ces conditions par une alimentation et un abreuvement sains, correspondant aux besoins quantitatifs et qualitatifs des animaux à leurs différents stades physiologiques et productifs. En cas de changement de régime, il doit veiller à ménager une transition alimentaire suffisante.
Maîtriser la reproduction
Après avoir décrit la merveilleuse mécanique de la digestion, Florence LARDET aborde une autre mécanique, de précision, celle-ci : la reproduction. Fort des caractères sexuels secondaires qui le distinguent : taille, musculature, odeur, cornes ou crête, agressivité, le mâle joue un rôle certes indispensable mais secondaire, alors que la femelle mammifère assure la gestation, la mise-bas et l’allaitement, sans parler de la protection de sa progéniture.
Unité des mammifères
L’organisation des appareils génitaux, nous rappelle Florence LARDET, est identique chez tous les mammifères. Chez le mâle et la femelle intervient l’activité hormonale de l’hypophyse, glande endocrine située à la base du cerveau. Dans la vidéo, elle montre des schémas des appareils reproducteurs mâle et femelle, faisant apparaître le trajet des spermatozoïdes et des ovules. On retrouvera ces schémas dans le livre cité plus haut.
Si la puberté marque chez le mâle et la femelle l’aptitude à se reproduire, sous l’influence de la testostérone et des hormones femelles, l’éleveur attendra une prise de poids suffisante avant de mettre ses animaux à la reproduction pour que la gestation ne nuise pas à la croissance ni à la production future. Âge de la première saillie chez les bovins : mâles 18 mois, femelles 15-18 mois mais surtout 2/3 de son poids adulte. Porcins : mâles autour de 7 mois, truies : 7 mois pour un poids de 110 à 120 kg.
Production continue des spermatozoïdes
Le sperme se compose des spermatozoïdes produits en grand nombre dans les testicules et du liquide spermatique qui les nourrit et les emballe, produit par les vésicules séminales, la prostate, et les glandes de Cooper. Le spermatozoïde vit 6 à 30 h après éjaculation en milieu alcalin. Ainsi, une alimentation trop acidifiante de la femelle peut acidifier le vagin et tuer les spermatozoïdes. Théoriquement continue tout au long de la vie du mâle, la gamétogenèse s’interrompt toutefois en cas de grave carence alimentaire.
Libération cyclique des ovules
Le fonctionnement cyclique de l’appareil reproducteur femelle est placé sous le contrôle de l’hypophyse dont l’hormone lutéinisante (LH), stimule l’ovaire et fait éclater le follicule, libérant ainsi l’ovule. C’est l’œstrus, qui se manifeste par les chaleurs. Si l’ovule est fécondé, le corps jaune perdure à la surface de l’ovaire pendant la gestation et bloque le cycle sexuel. Sinon, l’utérus secrète la prostaglandine qui fait disparaître le corps jaune, permettant le redémarrage du cycle.
Réussir la fécondation
La fécondation est la rencontre entre un ovule et un spermatozoïde de bonne qualité en temps voulu. Cette question du temps est importante pour l’éleveur car la durée de vie des spermatozoïdes est asses courte et la rencontre des deux gamètes a lieu dans le milieu liquide de l’ampoule située haut dans l’appareil génital femelle nécessitant un parcours du combattant pour le spermatozoïde. Il faut donc détecter les chaleurs précocement et précisément. Pour 80 % de réussite, la saillie naturelle ou l’insémination artificielle doit voir lieu, chez la vache entre 15 à 18 h, et chez la truie, 10 h, après début des chaleurs.
Gestation
La gestation est marquée d’abord par la migration et la nidation sur la muqueuse utérine (endomètre) de l’embryon qui ne se fixe qu’au bout de plusieurs semaines : 15 à 40 j chez la vache, 21 j chez la truie. Il y a des risques d’avortement durant cette migration.
La durée de gestation est de 30 jours chez la lapine, 115 jours chez la truie, 5 mois chez la brebis et la chèvre, 9 mois et une semaine chez la vache, 11 mois et une semaine chez la jument.
L’embryon devient fœtus quand les principaux organes sont ébauchés ; il a alors besoin d’eau, d’oxygène et de nutriments. Pour cela, il bénéficie d’échanges avec le sang maternel au travers du placenta dont la forme et la perméabilité aux anticorps et agents pathogènes diffère selon les espèces. L’embryon bénéficie de trois enveloppes fœtales : le chorion, l’allantoïde (1ère poche des eaux) et l’amnios (2è poche des eaux).
La progestérone secrétée par le corps jaune et, plus tard, le placenta, a facilité la préparation de l’utérus et la nidation. Elle empêche les contractions utérines durant toute la gestation. Elle stimule la croissance de la mamelle et permet à la mère de constituer des réserves. La chute du taux de progestérone va déclencher la mise-bas.
Mise-bas
Ce sont les hormones secrétées par le glandes du fœtus qui induisent la mise-bas. La mère voit son taux d’œstrogènes augmenter, tandis que l’ocytocine stimule les contractions utérines, la prolactine déclenche la sécrétion du lait et la prostaglandine provoque la disparition du corps jaune ovarien entraînant la chute du taux de progestérone. Tout un magnifique ballet hormonal qui préside à l’arrivée du ou des petits.
Lactation et période sèche
C’est aussi le moment du démarrage de la production de lait par la mamelle, glande externe qui s’est préparée durant la gestation. La lait des premiers jours et surtout des premières heures ou colostrum est riche en anticorps utiles à la défense immunitaire du jeune. Il est particulièrement indispensable chez la jument et la truie, conseillé chez la vache, la brebis et la chèvre dont le placenta cotylédonaire a facilité le passage des nutriments et anticorps mais dont la délivrance est plus difficile.
Le fonctionnement hormonal de l’éjection du lait hors des acini tapissés de cellules sécrétrices commande de brancher le faisceau trayeur immédiatement après le nettoyage des trayons.
La durée de lactation est en principe de 305 jours chez la vache, 120 jours chez la brebis, 270 à 300 jours chez la chèvre qui peut être prolongée jusqu’à 600 jours s’il n’y a pas de nouvelle mise en reproduction. On tarit les truies au bout de 30 jours pour un tarissement de 4 mois. La jument allaite 6 à 10 mois avant un tarissement de 60 jours.
Le tarissement ou période sèche est indispensable à la reconstitution de la glande mammaire et des réserves corporelles des femelles, et au bon développement de la progéniture suivante. Il permet en outre le traitement des infections mammaires et la préparation de la future phase colostrale.
De la reproduction à la sélection
En conclusion, l’éleveur attend de son troupeau d’élevage, on le sait, qu’il soit fécond, que les petits naissent en bonne santé et que la production des mères soit suffisante pour nourrir leur progéniture et, à plus forte raison, abondante pour être collectée. Dans ce but, l’éleveur nourrit ses animaux de façon adaptée et veille avec la plus grande attention à la reproduction ; les deux, alimentation et reproduction, étant liées. En outre, il va intervenir sur la sélection du troupeau et la croissance des jeunes. Florence LARDET nous en explique les principes.
Vocabulaire de la génétique
Plusieurs modes de sélection animale peuvent être pratiqués. Toutes s’appuient sur la génétique, science complexe où les statistiques jouent un grand rôle. Le phénotype désigne les caractéristiques visibles ou facilement déterminables. Il dépend des gènes et du milieu. Le génotype résulte d’une combinaison des gènes.
Les caractères quantitatifs, intéressants pour le producteur et mesurables, sont fortement influencés par le milieu. Les caractères qualitatifs, commandés en général par un seul couple de gènes, sont peu ou pas influencés par le milieu. Exemple : la couleur de la robe.
Sélectionner pour améliorer les troupeaux et les races
Pratiquer la sélection c’est choisir de façon raisonnée les reproducteurs. Elle se passe au sein d’une même race, c’est-à-dire en race pure, ou entre races, on parle alors de croisement, qui recherche les effets d’hétérosis ou amplification de l’amélioration de certains caractères. La sélection peut être massale : on choisit les meilleurs animaux pour les accoupler en espérant que leur descendance héritera de leurs caractères. La plus pratiquée est la sélection sur la descendance ou testage qui nécessite de gros moyens mutualisés et du temps.
L’héritabilité d’un caractère s’exprime par le coefficient h2 dont la valeur croît de 0 à 1. Certains caractères sont plus héritables que d’autres, par exemple le taux protéique du lait (TP) ou le pourcentage de gras sur les carcasses : h2 > 0,4. Les éléments quantitatifs sont moyennement héritables : 0,2 < h2 < 0,4. Enfin des caractères liés à la reproduction ont une héritabilité faible comme la prolificité : h2 < 0,2.
L’amélioration génétique est l’affaire de l’éleveur, le plus souvent en lien avec les organisations collectives de l’espèce et de la race : livre généalogique, centre de testage, contrôle de performances. Il revient en principe à l’éleveur de choisir ses objectifs et critères de sélection. Un bon critère de sélection, dans l’idéal, doit avoir une corrélation génétique favorable et élevée avec l’objectif, une haute héritabilité, il ne doit pas pénaliser les autres caractères,. Et puis il est souhaitable qu’on puisse le mesurer facilement à moindre coût. Dans la réalité, en bovin lait, les critères quantité de lait et taux butyreux (TB) sont corrélés négativement. Malheur ! Ainsi, sélectionner sur la quantité de lait produite sans s’occuper des autres caractères conduirait à provoquer la baisse progressive des taux, de la fertilité et de la résistance aux mammites. On comprend donc que l’amélioration génétique suppose de composer avec des éléments contradictoires, bien connus toutefois. On sait par exemple qu’il y a une opposition assez forte entre développement musculaire et fertilité des femelles, ainsi qu’entre développement musculaire et facilité de mise bas.
L’index résulte du traitement de l’information fournie par le contrôle de performances. Il fournit une estimation de la valeur génétique des candidats reproducteurs pour un ou plusieurs caractères. On l’associe toujours à un coefficient de détermination de 0 à 1 qui en précise la fiabilité. L’index INEL (index économique laitier) fait la synthèse entre TB, TP, MG et MP.
Dans la communauté des éleveurs, le « bon » sélectionneur, médaillé dans les concours, est connu de ses collègues qui lui achètent des reproducteurs pour améliorer leur élevage. Parmi les critères de la sélection, se trouve la conformation des animaux qui résulte de leur croissance et de leur développement, deux phénomènes indissociables et simultanés qui conduisent à l’état adulte. Florence LARDET en présente les principales caractéristiques.
Croissance et développement des animaux
Le poids de l’animal est mesuré vif par la pesée ou estimé par les mensurations. À l’abattoir, le prix est modulé en fonction du poids de carcasse, de la conformation selon la grille EUROP et du gras.
Outre le poids vif, l’éleveur dispose de plusieurs outils pour suivre la croissance et le développement des animaux en croissance et à l’engraissement : le GMQ (gain moyen quotidien), l’indice de consommation (en UF par kg de croît), la courbe de croissance. Ces informations permettent des comparaisons et des ajustements de ration. C’est le tissu adipeux qui coûte, de loin, le plus cher en énergie. L’économie de la production appelle donc une attention particulière à l’état d’engraissement des animaux.
L’évolution des tissus et des organes, c’est-à-dire le développement de l’animal conduit à une évolution de sa morphologie et s’accompagne de nouvelles fonctions comme la digestion progressive d’aliments grossiers et la reproduction. La conformation qui en résulte a un intérêt économique par le classement des carcasses
La physiologie, c’est la base !
En conclusion, une bonne connaissance de la physiologie des animaux de sa ferme aide l’éleveur à les nourrir en accord avec leurs besoins, à conduire la reproduction, à améliorer la valeur génétique du troupeau, à suivre la croissance et le développement des jeunes et des animaux à l’engraissement, tout cela dans le respect du bien-être animal et un indispensable objectif de rentabilité. Ces bases de la zootechnie présentées ave clarté par Florence LARDET préparent ceux qui les possèdent à suivre les cours en vidéo d’Agrilearn qui éclairent l’alimentation et la santé animales, en lien aussi avec les productions fourragères, notamment la prairie permanente.